dimanche 22 janvier 2017

Le rêve de l'ivrogne


Le lieu de son errance
Est une ville immense
Comme il n’en existe pas
À l’architecture délirante
Où les rues pavées et élégantes
Sont montantes et descendantes

Font des coudes vertigineux
À croire qu’elles sont vivantes
Les pavés des écailles
Et qu’il marche sur le corps
D’un animal monstrueux
Qui s’agite dans son sommeil

Tout est changeant et imprévisible

C’est la nuit et de beaux ciels
Comme empruntés à des peintures
Mais ce qui frappe
C’est la hauteur des murs
L’aspect colossal et écrasant
Du moindre des bâtiments

Comme il n’en a jamais vu
Ne sont d’aucune civilisation connue
Ne peuvent être des souvenirs
Ni même des souvenirs de lectures
Ou de ces films à gros budgets
Qui prétendent donner
Une image baroque de l’avenir…

Tout ceci n’a rien d’humain

Mais pour la note absurde
S’y promènent des touristes
Aux visages inquiets
Qui parlent et ne cessent de parler
Tant les impressionne le silence solennel
Qui règne en ces lieux

Lui il est perdu
Ne sait que faire de lui-même
Ni où aller

Car seule la trame du rêve
Est aussi claire que mesquine
Quelque part mais où
Des amis l’attendent
Et il cherche désespérément
Une bouteille à acheter 
Dans cet immense décor vide
Où il n’y a ni commerces
Ni commerçants 


                            Frédéric Perrot

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