Je
ne suis pas critique de cinéma, ne prétends pas l’être. J’indiquerai seulement
comment j’ai perçu la première partie de Dune, film que visuellement j’ai
trouvé remarquable et superbe : une mise en place, à la manière des romans
russes. Il faut bien quatre cent cinquante pages à Dostoïevski pour mettre en place
tous les éléments de son intrigue, avant que ne se développe rapide et brutale
l’action qui voit l’élimination de Chatov, par quatre ou cinq conjurés au fond d’un
bois. Je parle des Possédés.
C’est
ainsi que j’ai compris le premier film de Denis Villeneuve : quelque chose
de lent, de volontiers contemplatif, une mise en place de l’histoire de façon
subtile – Paul découvre les modes de vie sur Arrakis, autre nom de la planète
Dune, en regardant des documentaires-vidéos, comme le ferait n’importe qui – et
où finalement, il ne se passe pas grand-chose. Les Atréides sommés de s’occuper
de la culture de l’épice sur Dune, épice qui permet le voyage spatial et
constitue donc la plus grande des richesses, tombent dans un piège tendu par l’empereur
et sont rapidement massacrés par la famille rivale des Harkonnen : ce qui
est tout à fait conforme à ce que raconte le roman.
Cette
première partie se conclut par « la fuite au désert » de Paul, dans
lequel les Fremen, les autochtones opprimés de Dune, supposent un « messie », et tout doit encore commencer… La guerre sainte, le « Jihad » :
mot prudemment écarté du film, mais qui est dans le roman.
On
sait donc que la seconde partie racontera une guerre abominable, un « génocide »
mené par un fanatique religieux, qui refuse de l’être, est effrayé de l’être,
puisque grâce à l’épice, il voit l’avenir…
Frédéric Perrot