J’ai cueilli cette fleur pour
toi sur la colline.
Dans l’âpre escarpement
qui sur le flot s’incline,
Que l’aigle connaît seul
et peut seul approcher,
Paisible, elle croissait
aux fentes du rocher.
L’ombre baignait les
flancs du morne promontoire ;
Je voyais, comme on
dresse au lieu d’une victoire,
Un grand arc de triomphe
éclatant et vermeil,
A l’endroit où s’était
englouti le soleil,
La sombre nuit bâtir un
porche de nuées.
Des voiles s’enfuyaient,
au loin diminuées ;
Quelques toits, s’éclairant
au fond d’un entonnoir,
Semblaient craindre de
luire et de se laisser voir.
J’ai cueilli cette fleur
pour toi, ma bien-aimée.
Elle est pâle, et n’a pas
de corolle embaumée.
Sa racine n’a pris sur la
crête des monts
Que l’amère senteur des
glauques goëmons ;
Moi, j’ai dit : « Pauvre
fleur, du haut de cette cime,
Tu devais t’en aller dans
cet immense abîme
Où l’algue et le nuage et
les voiles s’en vont.
Va mourir sur un cœur,
abîme plus profond.
Fane-toi sur ce sein en
qui palpite un monde.
Le ciel, qui te créa pour
t’effeuiller dans l’onde,
Te fit pour l’océan, je
te donne à l’amour. »
Le vent mêlait les flots ;
il ne restait du jour
Qu’une vague lueur,
lentement effacée.
Oh ! comme j’étais
triste au fond de ma pensée
Tandis que je songeais,
et que le gouffre noir
M’entrait dans l’âme avec
tous les frissons du soir !
Ile de Serk, août 1855
Oui... lorsque l'âme est dans la lumière... elle ne voit que la noirceur partout autour d'elle!
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup l'image de cette fleur sauvage, chétive et assez laide, mais qu'il offre à celle qu'il aime ! A bientôt Hugues !
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