jeudi 30 avril 2020

Glissement progressif (fragments, avec un dessin d'Eric Doussin)

Eric Doussin


C’est un peu terne la prudence… Certains poètes diraient même que c’est le contraire de la vie.

Glissement progressif… La solitude et le désespoir donnent cette petite impulsion nécessaire à la mort, presque incapable de rien par elle-même.

Glissement progressif ou actif… Les preuves d’un « laissez-partir » mortifère dans les EHPAD s’étalent dans les journaux. Le ministre feint de ne rien savoir des « recommandations » qu’il a pourtant signées.

On effacera les traces, on effacera les preuves… « Plus de document écrit, s’il vous plaît. »

Une société qui n’honore plus ses morts, cela porte un nom : la barbarie… On vous évacue rapidement dans un camion frigorifique et on vous enfouit en toute hâte dans la terre. Le mot scandale est bien faible.

Je m’étonne qu’un quelconque ministre productiviste n’ait pas encore proposé d’utiliser la cendre des vieux comme engrais.

Pendant ce temps, comme on dit dans les romans d’aventures, les brutes de la BAC s’en donnent à cœur joie.

Glissement progressif dans l’autodestruction… Les experts parleront de « dommages collatéraux ». Nombre de ceux qui auront échappé au virus et à la faim mourront d’un cancer. Il faut bien mourir de quelque chose.

Glissement progressif… Le mot espoir a une sale gueule.

                           
                                                                  Frédéric Perrot

mercredi 29 avril 2020

Jupiter



Jupiter est une planète géante, gazeuse. Il s’agit de la plus grosse planète du Système solaire, plus massive et volumineuse que toutes les autres planètes réunies, et la cinquième planète par sa distance au Soleil.
C’est vers Jupiter et l’un de ses satellites que la mission spatiale, dans 2001, L’Odyssée de l’espace, se dirige. Le voyage à travers « le silence éternel de ces espaces infinis » doit durer neuf ans.
Jupiter est aussi le nom que les Romains donnaient à Zeus. L’abominable Paul Claudel s’est ridiculisé en écrivant qu’il était pour tous les Jupiter contre tous les Prométhée.
Il semble qu’à l’heure actuelle toutes les décisions politiques « tombent » – terme impropre – de Jupiter et que les larbins censés les mettre en œuvre, protestent un peu…

                                                                                           Frédéric Perrot

Au fait, le 11 mai sera un jour comme un autre

samedi 25 avril 2020

Dans les profondeurs (avec un dessin d'Eric Doussin)

Eric Doussin


Dans les profondeurs évoluent des créatures étranges

Leurs formes sont souvent épouvantables
Comme les projections d’un cerveau paranoïaque

Parfois ce sont des chimères
Parfois elles semblent inachevées

Leurs noms sont en soi un poème enchâssé

L’affreux requin-lézard
Le revenant dont le crâne est transparent
Le grand avaleur
Le grenadier
Le dragon à écailles
Le grandgousier
Le poisson-ogre
Prédateur robuste et puissant

Mais qui aime les listes et les tentatives d’épuisement ?

À l’avenir vous éviterez de naviguer
Entre fausse érudition et vain encyclopédisme
Vos sources sont de seconde main
Nous ne sommes plus requis par l’écume virtuelle

Nous connaissons parfaitement vos phobies
Elles ont pour noms immersion noyade
Avez-vous consulté en ce qui concerne votre sur-moi ?
Connaissez-vous le sentiment océanique ?

C’est de l’histoire ancienne
C’est l’autre Tartarin de la musique
Qui l’a décrit dans une lettre
Au charlatan de Vienne

Dans les profondeurs
Évoluent des créatures étranges

Preuves manifestes de ce que peut avoir d’aberrant
La vie dans sa dimension biologique

Le mystère est qu’elles ne connaissent
Ni n’aient besoin de la lumière


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« Tartarin de la musique » est l’expression employée par Witold Gombrowicz dans son Journal pour désigner Romain Rolland. Dans des pages célèbres, reprises par Milan Kundera dans L’immortalité, Gombrowicz défend contre Nietzsche et Romain Rolland la musique de Beethoven.

« charlatan de Vienne » est une expression commune pour désigner Freud. Je la connais par Vladimir Nabokov, qui l’emploie dans Lolita.

Qui voudrait savoir ce que Romain Rolland nomme « le sentiment océanique » n’aura qu’à se renseigner !

Le texte appartient au recueil inédit La solitude imaginaire (octobre 2016). Frédéric Perrot.

mardi 21 avril 2020

Court hommage à Nicolas de Chamfort (1741-1794)


Un prince qui se prétend philosophe ajoute au discrédit de la fonction le ridicule de l’ambition.

Sous tous les règnes, les plus vils parasites sont les courtisans, les laudateurs, les flatteurs, les flagorneurs, qui espèrent plaire au prince et en retirer un bénéfice. Ils ne reculent devant aucune hyperbole, afin que l’œil du prince descende et s’abaisse jusqu’à leur misérable existence de vers de terre. Mais ceci est très injuste pour les vers de terre, qui ont leur utilité.

Les peuples de la Terre participent chacun à leur manière au progrès du génie humain. On dit que les Chinois ont inventé la poudre et les échecs, les Arabes les nombres. Les Russes ont offert Tolstoï et Dostoïevski. On doit reconnaître aux Allemands la musique et aux Portugais une forme particulière de nostalgie. La contribution de la France semble de moindre importance : la vanité, comme concept et en pratique.

Il est curieux de vouloir être loué pour son humilité. De la part d’un fat épris de lui-même, ce n’est qu’une nouvelle arrogance.

Si en société tous les hommes sont un peu comédiens, il y a de plus mauvais acteurs que d’autres. Leur jeu ne passe pas. Face à ce spectacle ridicule, on ricane, on se pousse du coude, on tousse poliment.

Il ne faut jamais priver un imbécile du plaisir de croire qu’il a eu le dernier mot.

Quand un prince pousse le délire jusqu’à se prendre pour un dieu, chacun de ses sujets se rêve en déicide.

Un prince a le privilège de pouvoir se payer de mots. Les discours creux succèdent aux discours creux. Les mots perdent leur sens… Mais un prince ne veut pas être écouté et discuté, il veut être acclamé.

La « déchéance des élites » est une idée si communément admise qu’il serait mortifère d’en rajouter. On n’applaudit pas à une mise en terre…

La France aime à se revendiquer de l’héritage des Lumières. Il n’en demeure pas moins que l’on y préfère les beaux récits mythologiques à l’Histoire et que son avenir semble fort ténébreux.

Lucrèce a écrit des pages saisissantes sur la peste ravageant Athènes. Mais il ne l’a pas fait pour de futiles raisons littéraires et rechercher l’admiration de son lecteur : il voulait inspirer l’horreur et l’effroi… Un tel « désastre » contredisait son système philosophique et son livre demeure inachevé.

L’optimisme est la gaieté des imbéciles. Les amateurs de catastrophes ne valent guère mieux.

On en fait toute une affaire, mais mourir guérit de tout.


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         Nicolas de Chamfort (1741-1794) est un poète, journaliste et moraliste français, qui s’engagea avec passion pour la Révolution française. Esprit amer et sauvage, pourfendeur misanthrope des « vices » de la société de son temps, il devait mettre fin à ses jours, dans une folie d’autodestruction qui relève plus du massacre, comme l’a montré Albert Camus dans sa préface pour Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes.

                                                                            Frédéric Perrot


Nicolas de Chamfort


Source image : academie-française.fr

dimanche 19 avril 2020

L'attente de l'attente (fragments)


La solitude sonne faux. Sans musique, cette vie serait vraiment une erreur.

Nous n’avons plus le luxe de rendre nos considérations « inactuelles ».

Le poujadisme a de beaux jours devant lui.

Certains préfets et maires font montre d’un zèle admirable. Jusqu’à peu, on ne savait pas à quel point la liberté était haïe…

Nous n’avons pas besoin de héros, nous rejetons tous les discours sacrificiels

Je préfère ces personnes qui avouent qu’elles ne lisent rien… La disponibilité de l’esprit ne se décide pas.

Eléments pour une autobiographie imaginaire – C’est bien la première fois que je regrette de ne pas vivre à la campagne et de n’avoir aucun goût pour le bricolage.

On n’a jamais entendu aussi distinctement les cloches des églises sonner. Pour qui sonnent-elles ? On peut se le demander…

Le grand poète Giacomo Leopardi a écrit un Éloge des oiseaux.

Comme déjà auparavant, la plupart des prétendus débats tournent à la querelle de personnes. Les publicistes vulgaires désignent des coupables.

Le fond de l’air est au mensonge.

Impéritie est un mot devenu à la mode.

L’attente de l’attente… Attendre est déjà espérer. Mais quand on est tombé en-deçà de l’attente…

Pour notre secours, il y a les poètes, et René Char, qui notait : « J’écris brièvement. ». « S’étaler conduirait à l’obsession. »


                                                                  Frédéric Perrot

vendredi 17 avril 2020

Dans les limbes


Aurais-je erré parmi des couleurs confuses et des échos, stridences soudaines, cris déchirants, fragments de mots, murmures lointains ? Aurais-je visage tordu erré parmi des visages tordus et des visions malsaines qui de nulle part surgissent ? Parmi des apparences et des reflets, des apparences et des reflets ? Aurais-je dormi, aurais-je dormi tout ce temps ? Cela ne veut rien dire mais il me semblait avoir les yeux ouverts…
et la voix dit tu es dans les limbes ce n’est pas un lieu ce n’est pas un état c’est l’un et l’autre et la voix dit tu es dans les limbes comme l’enfant sur lequel n’est pas tombée l’eau lustrale
Cela ne veut rien dire mais il me semblait avoir les yeux ouverts et je ne veux plus croire les voix que j’entends… Aurais-je dormi, aurais-je dormi tout ce temps ? A mon retour il me semblait être parmi vous mais il me semblait aussi que vos mains eussent pu me traverser. A mon retour il me semblait être parmi vous mais aussi parmi des couleurs confuses et des échos, stridences soudaines, cris déchirants, fragments de mots, murmures lointains, visages tordus, visions malsaines, apparences, reflets, effroi…
et la voix dit tu es dans les limbes ce n’est pas un lieu ce n’est pas un état c’est l’un et l’autre et la voix dit tu es dans les limbes comme l’enfant mort sur lequel n’est pas tombée l’eau lustrale

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Les Limbes désignent dans la religion catholique un état de l'au-delà situé aux marges de l'enfer et par extension « un état intermédiaire et flou ».
Comme cette religion pense à tout, pendant des siècles on a considéré que l’âme des enfants morts sans avoir été baptisés, allait directement dans les Limbes.

Le texte appartient au recueil inédit La perte d’un visage (été 2005). Frédéric Perrot.

La Résurrection de Lazare (Rembrandt, eau-forte)

Kunsthalle Hambourg

mercredi 15 avril 2020

Les périls vont plus vite que la conscience

                                                                         Pour Anne,     

                                                       « … le vrai est un moment du faux.»
                                                                                         Guy Debord

Les périls vont plus vite que la conscience.
Les doctrines changent au gré du vent

Et un monarque ridicule du discours
Guerrier passe au discours compassionnel…

« La saison 2 est aussi mauvaise que la première »

Les mensonges d’hier seront
Les vérités de demain –

Ou inversement !

Les doctrines changent au gré du vent,
Les périls vont plus vite que la conscience…

Mais on note tout : on n’oubliera pas !


                                                                                             Frédéric Perrot


mardi 14 avril 2020

Mon double et moi (publié dans le numéro hors-série de Lichen spécial confinement)




         « I met myself in a dream
                             And I just want to tell you that everything was allright »
                                                                              Lou Reed

Depuis plusieurs jours,
J’ai pris l’importante décision
De garder mes distances,
De me tenir à au moins un mètre de moi-même…

On n’est jamais trop prudent !

Quand dans le grand appartement
Je croise mon double,
Nous évitons toute manifestation fraternelle
Tels que serrements de mains, accolades, embrassades…

J’ai été très inquiet pendant un moment
Pour mon double…
Lui d’ordinaire si silencieux
Ne cessait plus de répéter :

Edition spéciale
Edition spéciale
Edition spéciale
Edition spéciale…

Le pic de la crise a été atteint
Quand en pleine nuit il s’est mis à taper
Bruyamment sur le piano –
Juste pour emmerder les voisins !

Il s’est calmé depuis heureusement,
S’est plongé dans la lecture
De Mars de Fritz Zorn
Dont il me lit des extraits… accablants.

Je ne sais combien de temps
Mon double et moi,
Nous parviendrons à nous supporter…
Il ne faudrait pas que cela dure éternellement !


Pour aller lire la revue d’Elisée Bec :


                                                                                        Frédéric Perrot            

dimanche 12 avril 2020

Contre Christophe Donner (écrivain)


L’autre jour
Dans L’Express
J’ai lu un billet d’humeur
De Christophe Donner

Non sans justesse
Il se moquait de la lettre d’Annie Ernaux
Au Président

Se revendiquant d’un autre Boris Vian
Accusait l’écrivaine
De moralisme…

Il aurait pu être savant
Parler de moraline
Comme Nietzsche…

Je n’ai rien lu de ce Christophe Donner

Ce que je voudrais lui dire
C’est que sans tomber
Dans un sentimentalisme écœurant

Nous n’avons pas tous le privilège
De nous croire des esprits libres

Il est très facile d’être ironique
Sur un écrivain

Mais mieux vaudrait être ironique
Sur nos gouvernants…

La véritable ironie ne se trompe jamais de cible


                                                                                          Frédéric Perrot

Famous Blue Raincoat (Leonard Cohen)

Le célèbre imperméable bleu (une traduction de Leonard Cohen)


          Famous blue raincoat se trouve sur le troisième album de Leonard Cohen, Songs of love and hate.


Il est quatre heures du matin, fin décembre. Je t’écris seulement pour savoir si tu vas mieux. New York est glacé mais j’aime où je vis. Toute la soirée il y a de la musique sur Clinton Street. J’ai entendu dire que tu construis ta petite maison dans le désert. Tu vis pour rien à présent. J’espère que tu tiens une sorte de journal de bord. Oui, Jane est venue avec une boucle de tes cheveux. Elle a dit que tu la lui avais donnée la nuit où tu avais décidé de partir. Es-tu jamais parti ?

La dernière fois que nous t’avons vu tu avais bien vieilli. Ton célèbre imperméable bleu était déchiré à l’épaule. Tu étais allé à la gare attendre chaque train, et tu es rentré chez toi sans Lily Marlène. Et tu as traité ma femme comme un pétale de ta vie. Quand elle est revenue elle n’était plus la femme de personne. Et je te revois avec une rose entre les dents, un mince voleur gitan… Ah, je vois que Jane est réveillée. Elle te salue.

Et que puis-je te dire mon frère, mon assassin ? Que puis-je vraiment dire ? Je suppose que tu me manques. Je suppose que je te pardonne. Je suis content de t’avoir connu. Et si jamais tu repasses par ici pour Jane ou pour moi, je veux que tu saches que ton ennemi est endormi et que sa femme est libre. Et, je te remercie pour le trouble que tu as ôté de ses yeux. Je pensais qu’il y était pour toujours, et je n’avais pas essayé.

Oui, Jane est venue avec une boucle de tes cheveux. Elle a dit que tu la lui avais donnée la nuit où tu avais décidé de partir.

Sincèrement, L. Cohen.

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         Je republie cette traduction de Leonard Cohen. Je ne prétends pas savoir ce dont parle la chanson. De la solitude, peut-être… Pour nombre d’amateurs, c’est la plus belle chanson de Leonard Cohen : ce qui n’est pas rien...

                                                                                         Frédéric Perrot

Help the Aged (Pulp)

mercredi 8 avril 2020

Au fait, l'ironie est morte

Jean-Paul Sartre


Au fait, l’ironie est morte.

« Il ne faut pas désespérer Billancourt », pensait Sartre juché sur un tonneau.
Devant des ouvriers qui ne comprenaient sans doute rien à ce qu’il racontait.

On n’en sait rien…
C’est une belle image légendaire.

Mais c’est comme dans ce western dont j’ai oublié le nom :
Entre l’histoire et la légende, publie la légende.

Aujourd’hui, c’est plus clair.

L’ironie est morte.

Comme paraît-il elle était bien morte
A New York pendant un bon bout de temps
Après les attentats du 11 septembre.

Comme elle est morte
Après Charlie Hebdo et les attentats du Bataclan où jouait…

Excusez-moi, j’ai oublié le nom de ce groupe assez banal et lourd
Dont le leader expliquait que si les Français avaient un peu plus aimé les armes à feu,
Ils ne seraient pas morts comme des cons…

On oublie tellement de choses : que voulez-vous ?

Aujourd’hui, c’est plus clair.

Ce n’est pas Billancourt qu’il ne faut pas désespérer,
C’est plus de trois milliards d’êtres humains…

Alors on parle, on convoque des experts, on nous chante les bienfaits de la science et de la pharmacie…

L’ironie est morte.

Qui oserait dire qu’applaudir aux fenêtres à vingt heures, c’est juste applaudir
A la destruction des services hospitaliers organisée par les gouvernements successifs depuis…
Je ne sais combien d’années…

« Maintenant, on vous demande de faire des miracles avec des bouts de ficelles… Mais si vous mourez, vous serez des héros !... Et sans doute que le Président vous accordera à titre posthume la Légion d’Honneur… »

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Texte écrit au tout début du confinement. Revu aujourd’hui. Frédéric Perrot.

Source image : Agora-vox

lundi 6 avril 2020

Carnage et honte (pour Stéphanie)




D’après la une de Libération du samedi 4 et dimanche 5 avril. Ce qui se passe en EPHAD… Carnage et honte. Les témoignages arrivent… Ils seront sans doute hélas nombreux.

dimanche 5 avril 2020

A quoi bon des poètes en temps de détresse ?

Hölderlin


« A quoi bon des poètes
En temps de détresse ? »,
Se demandait Hölderlin,
Kidnappé, le mot n’est pas trop fort,
Pour être conduit dans un asile de fous.

Peut-être parce que les poètes dérangent
La mollassonne acceptation de l’ordre des choses…

Et le pauvre Verlaine,
Déjà si enclin à l’alcoolisme,
Croupissant dans sa prison de Mons
Et ne trouvant rien de mieux
Que de virer au mysticisme…

Et Artaud 
Crevant de faim dans son hôpital de Rodez !
Et Van Gogh !

Peut-être parce que les poètes, les artistes protestent
Contre la mollassonne acceptation de l’ordre des choses…

Et même le pauvre Baudelaire !
Le honteux Figaro lançant la cabale
A tué le plus grand poète français…
Condamné par le procureur Pinard –
Au pays du vin, cela ne s’invente pas !

« A quoi bon des poètes en temps de détresse ? »,
Se demandait Hölderlin…


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         Je me suis toujours étonné que ce torchon qu’est Le Figaro pût oser se réclamer d’un esprit aussi libre que Beaumarchais.

Frédéric Perrot

Source image : la-croix.com