J’ai
toujours voulu être clair
La confusion commença dès
l’enfance, entre un père veule et une mère un peu folle. Mon père n’aimait rien
tant que se taire, ma mère n’aimait rien tant que parler, pour dire n’importe
quoi… Ils ne se disputaient pas, ils auraient dû.
J’ai
toujours voulu être clair
La confusion continua à
l’école, où l’on me berça d’illusions et où je connus la loi du nombre. Les
enfants sont des bêtes et j’étais un animal vicieux. Je connus aussi ce que
l’école apprend le plus sûrement : l’ennui et les regards désespérés par
la fenêtre.
J’ai
toujours voulu être clair
La confusion devint
douloureuse avec les premiers émois. Et une fois encore je connus la loi du
nombre ! Toutes les filles – il est bien question d’elles – me semblaient
pour une raison ou une autre désirables. Je n’en aimais aucune… Au fond je n’ai
jamais aimé personne.
J’ai
toujours voulu être clair
Peu à peu, mon désir de
clarté se perdit, dans le tohu-bohu des découvertes et des révoltes sans
lendemain. La vie avait eu la bonté de me faire connaître l’alcool, qui me
permettait de me sentir vivre et de tout oublier.
J’ai
toujours voulu être clair
L’autodestruction est
l’activité à laquelle j’ai consacré le plus de temps.
J’ai
toujours voulu être clair
Bien obligé, à un moment,
j’embrassai une profession ! Ce fut pénible et douloureux pour ne pas
changer… On se plaisait à m’entretenir d’un mode de vie qui me semblait
navrant. Eternellement la loi du nombre ! Fais comme nous, fais ci, fais
ça. Sans aucun mérite, je ne fis rien.
J’ai
toujours voulu être clair
Je dois bien avouer que
je me suis créé nombre de labyrinthes et que je n’ai échappé à aucun des pièges
tendus par la solitude.
J’ai
toujours voulu être clair
Aller d’un pas heureux
dans le jour neuf !
Mais
décidément, dans cette vie ou en moi-même
peut-être, il y avait quelque chose qui faisait obstacle.
Frédéric
Perrot – Juillet 2019