Cesare Pavese
C’est un paysage de dunes
d’un gris de cendre, sous un ciel bas d’un gris semblable. Il est là, fétu de
paille chassé par le vent, jusqu’à ce qu’il aperçoive, au loin, une autre forme
humaine. Ce ne peut être un mirage, une illusion et il s’approche. C’est une
très jeune fille, aux cheveux longs et clairs, vêtue d’une belle robe blanche
de communiante… Elle est pieds nus et sur le sol à un pas de distance est posé
un échiquier aux superbes pièces ouvragées. Elle s’assoit en silence et cela
est comme une invitation à faire de même. Il aimerait lui dire quelque chose,
mais il a perdu l’habitude de parler et elle ne semble désireuse que de jouer,
avançant ses pièces avec assurance et comme si elle connaissait l’infinité des
combinaisons possibles. Piètre joueur, il tente faiblement de contenir ses
assauts et les terribles percées qu’elle accomplit dans ses lignes de défense.
Peut-être n’ont-ils joué que dix coups et déjà se profile sa défaite. Il
aimerait lui dire quelque chose, mais il a compris la nature exacte de son
adversaire. Ce n’était qu’un mirage, une illusion, une ultime déloyauté pour se
rendre attirante… Il aurait dû savoir que la partie était perdue avant même de
commencer.
Frédéric Perrot – juillet 2019
Cesare Pavese |
Source
image : Langhe.net
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