Je te passe ma
rancune. C’est comme au jeu du loup, tu es touché ; et c’est toi dès lors
l’animal blessé, bilieux. Je te passe ma rancune ; et porté par de tout
nouveaux sentiments – fiel, aigreur, amertume –, tu maudis le jour et l’homme amoureux,
agacé tu soupires au spectacle du monde, et tu tournes en dérision son
apparente diversité. Ces premiers forfaits te comblent d’aise et
t’emportent ; et tu commences à rêver de crimes et d’accidents, tu te mets
à mépriser la femme en gésine et, pour elle et son enfant, tu mûris en esprit
des chutes mortelles dans des escaliers tortueux. Ces visions t’affolent et tu
te surprends à méditer de plus vastes attentats contre la vie…
Mais n’aie pas peur de toi-même, ce
n’est rien, je t’ai passé ma rancune ; et, c’est comme au jeu du loup, tu
peux la passer à ton tour…
Le texte appartient au recueil autoédité
Les heures captives (décembre 2012). Frédéric Perrot
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