Franquin, Idées noires |
S’retaper putain, j’sais pas par où
commencer
Y a 40000 démons et j’suis tout encrassé,
Don Quichotte avait ses moulins moi mes
angoisses,
Et l’ensemble des vices dans lesquels j’me
prélasse ;
Par où commencer derrière y a que du
gâchis,
Des thunes par les f’nêtres et la négation
d’une vie,
Le pire c’est le permis de vivre le droit
de continuer
La chandelle ses deux bouts ont totalement
cramé ;
Quand je pense que ça c’est même pas le
pire
Y a l’étage du d’ssus où y a tout à
reconstruire.
S’retaper putain, j’sais pas par où
commencer
Mon cerveau de shiteux est tout
congestionné ;
Si dans une maison y a des murs portant,
Faut croire qu’dans ma tête y a des
neurones fléchissant,
Fléchissant sous l’poids des journées
inexploitées
Où j’ai rien appris, rien ret’nu, rien
ingéré,
C’est bête de détruire les moyens dont on
dispose
Tel un esclave soumis créant sa propre
sclérose
Si on m’ tirait une balle entre les deux
yeux
A présent on manquerait le cerveau de
peu ;
S’retaper putain, et faire ça sur la
durée,
Accepter d’en chier éviter d’se défiler
Car pour esquiver les responsabilités
J’peux trouver mille raisons j’crois
qu’faudrait m’arrêter ;
Pour aller loin paraît qu’faut prendre
soin d’la monture
J’suis déjà au stade où j’ai mal aux
jointures,
J’me d’mande même c’que c’est qu’cette
prise de conscience
J’connais bien la machine, j’ai pas
d’grandes espérances
Maintenant quand j’fais du sport je vois
bien qu’ je crache,
Les autres i (z) accélèrent moi j’prie
pour que rien ne lâche.
S’retaper putain, j’sais pas par où
commencer
V’là un p’tit calcul qui devrait
m’motiver :
Prenez dix euros tous les deux jours sur
dix ans,
Ça fait dix fois 365 fois 10 ans,
Divisé par deux car j’ai dit tous les deux
jours,
Ça fait 119712 francs lourds
La moto d’mes rêves et payée rubis sur
l’ongle
Et encore pire y a assez pour un tour du
monde
Et dire que j’roule dans une Twingo qui
sent le shit
Quelle idée c’ calcul j’aurais pas dû
donner suite…
S’retaper putain, j’sais pas par où
commencer
Même si j’partais d’là ça s’rait plus
qu’une épopée ;
Le constat une fois dressé fait que je
retarde
Le quidam que je suis a la détresse
bavarde ;
Je n’peux pas être et renier c’que j’ai
été
Et je n’peux plus paraître sans qu’on
sente le fossé
Entre c’que j’voudrais être et l’complice
dans l’miroir
Qui m’dit dix ans qu’tu as dormi comme un
loir ;
Quand ce constat plane et qu’t’en as 3
dans l’cornet
Autant dire à un tueur que c’est mal de
tuer.
S’retaper putain et faire ça surtout pour
celle
Qui partagera ma vie et s’ra un peu ma
reine,
Être sain, solide, le creux des épaules
rassurant,
Garder la tête claire pour les devoirs des
enfants.
Intuitive, patiente, elle aura sûrement
senti
Que j’suis à la fois l’homme sur lequel on
s’appuie
Et l’autre tellement fort qu’il faut qu’on
lui prenne la main
Qui cale un tout p’tit peu tout seul en cours
de ch’min
Qui s’dit qu’il est absent de plus en plus
lointain
Qui s’dit qu’il est urgent de s’retaper
putain.
Autre poème de Guillaume sur le blog :
La Gitane et le Bipolaire
https://beldemai.blogspot.com/2017/11/la-gitane-et-le-bipolaire-un-poeme-de.html
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