Nous ne sommes pas en guerre malgré les apparences.
Parfois
et même souvent, on voudrait nous le faire croire, on nous l’assène, c’est un
discours dominant, presque une prémonition, c’est dans l’air ; et c’est
sans doute pour cette raison qu’il règne par ici une telle puanteur…
Les
légitimes motifs d’inquiétude sont d’ailleurs « nombreux et variés ».
Un ministre se déplace très irrité et dit qu’il juge cela inacceptable. Dans un
même geste, il désigne à la vindicte quelque population choisie selon des critères
rigoureux : en général des faibles, des pauvres ou les deux. Pauvreté
n’est pas vice, mais si la pauvreté a la couleur de l’étranger, du débarqué de
la veille, c’est encore mieux : le public est conquis. Salves
d’applaudissements pour le ministre très irrité déjà parti creuser d’autres
tranchées !
Nous
ne sommes pas en guerre non plus contre tous ceux qui pour des motifs obscurs
vivent au-delà de nos frontières, parfois même sur d’autres continents qui vus
à la télévision semblent un peu exotiques, voire rudimentaires.
« Ce que ces gens peuvent être sales ! Ils parlent un baragouin que personne ne comprend et certains d’entre eux semblent sincèrement nous détester ! »
Ici un
journaliste dirait sans doute fort à propos que « l’inquiétude grandit dans
les chaumières ». Et
l’on se demande très étonné où il a pu en voir ces jours-ci ! Des
chaumières ! Ne pourraient-ils pas moderniser leurs fiches de temps à
autre et avoir une vision un peu moins pastorale de ceux à qui ils
prétendent s’adresser ?!
Passons sur les journalistes. Nous ne sommes pas en guerre avec eux non plus.
Car
nous ne sommes pas en guerre malgré les apparences et malgré les jeteurs
d’huile sur le feu. Fort empressés. Toujours prompts…
Nous
ne sommes pas en guerre contre les zouaves d’ici et d’ailleurs…
Oh !
il paraîtrait même qu’entre « toi et moi » la hache a pendant la nuit
été enterrée : c’est dire si nous ne sommes pas en guerre !
Ce texte écrit en 2009 n’a évidemment rien à voir avec
la situation actuelle. Il s’agissait à l’époque de se moquer en particulier de
Brice Hortefeux et de son ministère au nom ignoble. Inspiré de Bashung
pour l’humour un peu potache, réponse légère à une chanson de Leonard Cohen – There
is a war –, le texte était dans mon esprit plus une blague agacée qu’autre
chose…
Il n’en demeure pas moins qu’un président qui recourt sans
vergogne à la rhétorique guerrière doit être, à mon humble avis, considéré
avec un certain scepticisme…
Le texte appartient au recueil autoédité Les heures
captives (décembre 2012). Frédéric Perrot.
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