J’ai fermé les volets. La pénombre m’est
profitable. J’aimerais fermer les yeux aussi. Mais une pensée me tracasse et me
tracasse d’autant plus que je ne parviens pas à me la formuler clairement, à la
saisir en tant que pensée. Cela est irritant, comme une douleur indistincte et
pourtant existante.
J’ai eu raison de fermer les volets. Le soleil
isole et il meurtrit les yeux. De toute façon, dans ma rue, il n’y a rien à
voir, et passer sa journée à la fenêtre, pour épier ses contemporains, c’est un
peu une habitude de vieillard. Il faut se méfier des habitudes qui ont plus que
notre âge…
Oh comme j’aimerais fermer les yeux une
bonne fois… Mais il y a cette pensée informulée
qui me tracasse et que je ne peux faire cesser, pas plus qu’on ne décide de
faire cesser une douleur… Il me semble que si je parvenais à la saisir, à
l’enfermer dans quelques mots qui la rendraient objective, je pourrais
considérer plus sereinement certains aspects de mon existence.
Mais cela aussi sans doute n’est qu’une
illusion…
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Le texte a été écrit à l’été 2015 à
Marseille, puis revu pendant l’été 2017 à Schiltigheim. Traitant de l’obsession
– une obsession sans objet – il prend peut-être un autre sens en mars
2020.
Frédéric
Perrot
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