J’ai longtemps été un grand amateur de
David Lynch, avant de comprendre que je n’avais pas besoin de ses cauchemars
pour nourrir les miens… Cet aveu paraîtra ridicule ; mais il y a quelques
scènes d’une violence convulsive, notamment dans Lost Highway, que je n’ai jamais pardonnées au cinéaste, pour la
trace presque indélébile qu’elles ont
laissée dans mon inconscient.
Quand Mulholland
Drive est sorti, je suis néanmoins allé voir le
film. Comme beaucoup de gens sans doute, je n’y ai rien compris ; ce qui n’est
pas grave en soi… Mais à l’époque, outre le malaise, le film m’a agacé, comme une vague imposture
purement esthétique, un objet malin dont
le seul but était de provoquer un
verbiage infini à son sujet : ce qui n’a pas manqué…
Il m’a fallu encore quelques années avant de revoir le
film, trois, quatre fois peut-être et de comprendre que je m’étais évidemment
trompé.
L’excellent petit livre de Pierre Tevanian,
Mulholland Drive La clef des songes,
propose une interprétation très cohérente de l’ensemble du film qui, sans en lisser
les rudes aspérités, permet de penser que ce diable de David Lynch savait très bien
ce qu’il faisait et que rien ou presque dans Mulholland Drive, n’est le fruit du hasard ou du caprice d’un
artiste.
J’indiquerai seulement pour ne pas trahir
le beau travail psychanalytique de l’auteur que si l’on considère les deux
premières heures du film comme un rêve de réparation
narcissique du double personnage interprété par Naomi Watts, bien des
éléments qui paraissaient obscurs tendent à s’éclairer !
Et j’indiquerai encore à son crédit, qu’à
peine le livre terminé, la première chose que j’ai faite a été de regarder une
fois de plus Mulholland Drive !
Frédéric Perrot, avril 2019
Pierre Tevanian
Mulholland Drive La clef
des songes
Editions Dans nos
histoires
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