L'épuisette à étoiles (4 octobre 2022) |
Où
vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces
doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces
filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils
s’en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils
vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans
la même prison le même mouvement.
Accroupis
sous les dents d’une machine sombre,
Monstre
hideux qui mâche, on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents
dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils
travaillent. Tout est d’airain, tout est de fer.
Jamais
on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Aussi
quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il
fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils
ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils
semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
Notre
père, voyez ce que nous font les hommes! »
O
servitude infâme imposée à l’enfant !
Rachitisme
! Travail dont le souffle étouffant
Défait
ce qu’a fait Dieu; qui tue, œuvre insensée,
La
beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et
qui ferait – c’est là son fruit le plus certain ! –
D’Apollon
un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail
mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre,
Qui
produit la richesse en créant la misère,
Qui
se sert d’un enfant ainsi que d’un outil !
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