Les vacances de Monsieur Hulot, Jacques Tati |
Le vent des possibles est retombé. En
avril et en mai encore, toutes sortes de discours ampoulés et lyriques fleurissaient
au sujet du « monde d’après », qui serait différent, tellement
différent ! C’était l’heure des grandes interrogations et des grandes remises
en cause ! On allait tout reprendre à zéro, plus rien ne serait comme
avant…
Beaucoup voyaient l’avenir en rose. Les
utopies les plus puériles se déversaient sur les ondes et dans les journaux. Le
chef de file de la niaiserie écologiste, monsieur Hulot, sans rapport avec l’autre,
découvrait les délices de l’anaphore, figure de style un peu facile et usée, et
posait au pied d’un arbre pour asséner ses inepties.
Les collapsologues comptaient bien tirer
leur épingle du jeu, mais en esprits positifs, sérieux comme des araignées, ils
étaient pour la plupart déjà tout occupés de produire un livre, un livre de
plus pour exposer leurs théories et leurs solutions cousues de fil blanc :
quelle aubaine pour la connerie éditoriale ce confinement !
En revanche, le concept plutôt raisonnable
de « décroissance » était évacué du débat public avec des cris d’orfraie :
« La décroissance ? Vous n’y pensez pas ! Cela nuirait à l’Economie…
» Or, on ne nuit pas au dieu infâme de ce temps… Dans Soir historique,
en 1874, Arthur Rimbaud imaginait un « touriste naïf, retiré de
nos horreurs économiques ». Mais déjà partout, aux quatre coins du
globe, régnait « la même magie bourgeoise ».
Le vent des possibles est retombé. Du
monde d’après, il n’est plus question. Ceci est de l’histoire immédiate, il y
traîne encore un peu de colère et d’amertume… Mais il est certain que pour les
historiens futurs, qui auront tout oublié des détails significatifs, nous aurons
simplement l’air bien bêtes et bien obéissants !...
Frédéric
Perrot
Source
image : lemagducine.fr
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