Il est inutile de geindre
Si l’on acquiert comme il convient
Le sentiment de n’être rien
Moi j’ai mis longtemps pour l’atteindre
On se refuse longuement
De n’être rien pour qui l’on aime
Pour autrui rien rien par soi-même
Ça vous prend on ne sait comment
On se met à mieux voir le monde
Et peu à peu ça monte en vous
Il fallait bien qu’on se l’avoue
Ne serait-ce qu’une seconde
Une seconde et pour la vie
Pour tout le temps qui vous demeure
Peu importe qu’on vive ou meure
Si vivre et mourir n’ont servi
Soudain la vapeur se renverse
Toi qui croyais faire la loi
Tout existe et bouge sans toi
Tes beaux nuages se dispersent
Tes monstres n’ont pas triomphé
Le chant ne remue pas les pierres
Il est la voix de la matière
Il n’y a que de faux Orphées
L’effet qui formerait la cause
Est pure imagination
Renonce à la création
Le mot ne vient qu’après la chose
Et pas plus l’amour ne se crée
Et pas plus l’amour ne se force
Aucun dieu n’est pris sous l’écorce
Qu’il t’appartienne délivrer
Ce ne sont pas les mots d’amour
Qui détournent les tragédies
Ce ne sont pas les mots qu’on dit
Qui changent la face des jours
Le malheur où te voilà pris
Ne se règle pas au détail
Il est l’objet d’une bataille
Dont tu ne peux payer le prix
Apprends qu’elle n’est pas la tienne
Mais bien la peine de chacun
Jette ton cœur au feu commun
Qu’est-il de tel que tu y tiennes
Seulement qu’il donne une flamme
Comme une rose du rosier
Mêlée aux flammes du brasier
Pour l’amour de l’homme et la femme
Va Prends leur main Prends le chemin
Qui te mène au bout du voyage
Et c’est la fin du moyen âge
Pour l’homme et la femme demain
Cela fait trop longtemps que dure
Le Saint-Empire des nuées
Ah sache au moins contribuer
A rendre le ciel moins obscur
Qui sont ces gens sur les coteaux
Qu’on voit tirer contre la grêle
Mais va partager leur querelle
Qu’il ne pleuve plus de couteaux
Peux-tu laisser le feu s’étendre
Qui brûle dans les bois d’autrui
Mais
pour un arbre et pour un fruit
Regarde-toi
Tu n’es que cendres
Chaque
douleur humaine sens-
La
pour toi comme une honte
Et
ce n’est vivre au bout du compte
Qu’avoir
le front couleur du sang
Chaque
douleur humaine veut
Que
de tout ton sang tu l’étreignes
Et
celle-là pour qui tu saignes
Ne
sait que souffler sur le feu
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