La
colère chez moi ne vient pas d’emblée. Si rapide qu’elle soit à naître, elle
est précédée d’un grand bonheur, toujours, et qui arrive en frissonnant.
Il
est soufflé d’un coup et la colère se met en boule.
Tout
en moi prend son poste de combat, et mes muscles qui veulent intervenir me font
mal.
Mais
il n’y a aucun ennemi. Cela me soulagerait d’en avoir. Mais les ennemis que j’ai
ne sont pas des corps à battre, car ils manquent totalement de corps.
Cependant,
après un certain temps, ma colère cède… par fatigue peut-être, car la colère
est un équilibre qu’il est pénible de garder… Il y a aussi la satisfaction
indéniable d’avoir travaillé et l’illusion encore que les ennemis s’enfuirent renonçant à la lutte.
Ce
court texte appartient à Mes propriétés (1930)
Un texte à la manière de, en hommage à Henri Michaux :
https://beldemai.blogspot.com/2018/02/lancer-du-poids-la-maniere-de.html
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