Le
passeur, homme taciturne, faisait avancer la barque d’un bras ferme. Je lui
avais abandonné tout ce que j’avais et son mutisme m’était pénible. Le
brouillard étant tombé, je ne distinguais rien et grandissait en moi le
sentiment que ma traversée devenait plus symbolique que réelle.
Jamais je n’aurais soupçonné que le fleuve fût
si large… Jamais je n’aurais cru que pût exister un tel silence…
Le
passeur, calme bloc impavide, se tenait à l’avant et j’aurais tant aimé établir
avec lui un semblant de contact. Malgré nos différences, malgré mon dénuement,
nous étions tous les deux selon moi des
êtres humains… Mais comme je ne parlais pas sa langue, je ne soufflais mot et
attendais anxieusement.
Je
ne pouvais me résoudre à l’idée que mon désir ne demeure une fois de plus qu’un
coup d’épée dans l’eau.
Frédéric
Perrot
Pour aller lire la revue
d’Elisée Bec :
http://lichen-poesie.blogspot.com/
Oui la chute dans le fleuve est bien vue...
RépondreSupprimerTout finit au fil de l'eau...
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