mardi 14 septembre 2021

Interlude (pour Birte et Arthur)

 



Pause prophylactique

Le vent dans l’herbe rase

 

Dès le matin

Le chat revient

Avec un pigeon

Qu’il a égorgé

 

Sous nos regards navrés

Il s’acharne encore

Accroît le carnage

Gâchis sanglant

 

Le voisin nous dispense

De nous occuper de l’oiseau

Nous lui en sommes

Reconnaissants  

 

Puis soucieux de finir

Ce qu’il a commencé

Il retourne élaguer

 

Il aura demain soixante-dix ans

Tu iras lui acheter

Un bouquet ou du vin

 

Plus tard reviennent

Des fragments de vers

Le loup les belles plumes

De son repas de volailles –

Comme ce fuyant animal

Le poète se consume

 

Fin de l’interlude

Bref et paisible

 

Juste encore une touche

De couleur

 

Notre petit garçon est à croquer

Dans son tricot de lutin vert


        

                Frédéric Perrot

 

 

Le poème a été écrit en 2016. C’est ici une version légèrement revue. Les vers évoqués sont d’Arthur Rimbaud (« Faim », Alchimie du verbe) :

 

« Le loup criait sous les feuilles

En crachant les belles plumes

De son repas de volailles :

Comme lui je me consume. »

2 commentaires:

  1. Poème émouvant sur la dureté de la nature...

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  2. Merci pour ton commentaire, Hugues. Oui, en effet. Les animaux ne sont évidemment pas cruels, la cruauté supposant la conscience. Mais quelle rage de destruction parfois, en particulier chez les chats !

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