Pause prophylactique
Le vent dans l’herbe rase
Dès le matin
Le chat revient
Avec un pigeon
Qu’il a égorgé
Sous nos regards navrés
Il s’acharne encore
Accroît le carnage
Gâchis sanglant
Le voisin nous dispense
De nous occuper de l’oiseau
Nous lui en sommes
Reconnaissants
Puis soucieux de finir
Ce qu’il a commencé
Il retourne élaguer
Il aura demain soixante-dix ans
Tu iras lui acheter
Un bouquet ou du vin
Plus tard reviennent
Des fragments de vers
Le loup les belles plumes
De son repas de volailles –
Comme ce fuyant animal
Le poète se consume
Fin de l’interlude
Bref et paisible
Juste encore une touche
De couleur
Notre petit garçon est à croquer
Dans son tricot de lutin vert
Frédéric Perrot
Le
poème a été écrit en 2016. C’est ici une version légèrement revue. Les vers évoqués
sont d’Arthur Rimbaud (« Faim », Alchimie du verbe) :
« Le
loup criait sous les feuilles
En
crachant les belles plumes
De
son repas de volailles :
Comme lui je me consume. »
Poème émouvant sur la dureté de la nature...
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire, Hugues. Oui, en effet. Les animaux ne sont évidemment pas cruels, la cruauté supposant la conscience. Mais quelle rage de destruction parfois, en particulier chez les chats !
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