mardi 4 août 2020

La pantalonnade démocratique


                                                                            Pour Éric,


C’était jour d’élection dans l’une des riches cités babyloniennes modernes : un tableau bigarré. Des populations païennes vivaient dans l’idolâtrie. Des trafiquants s’étaient installés dans la partie basse de la ville et y prospéraient comme une gangrène. C’était jour d’élection, et selon l’usage binaire des prétendus votes de la politique, s’affrontaient pour la forme les partis progressistes et travaillistes et les partis conservateurs et réactionnaires, quels que soient les noms donnés à ces fictives oppositions. En fin de compte, et comme de toute éternité, serait élu quelque fils privilégié de la société.
Seul un obscur poète, perdu dans une vieille veste de matelot, était tout à fait lucide au sujet de cette sinistre pantalonnade démocratique. Il errait par les rues, abandonné comme un chien et oublié de tous. L’instrument de l’ostracisme était le silence méprisant qui avait toujours accueilli la moindre de ses productions. Il errait par les rues et l’éclat charbonneux de ses yeux semblait jeter sur toute chose les plus sombres malédictions.


                                                        Marseille, 30 juillet 2020.
                                                                  Frédéric Perrot

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