Pour Éric,
C’était jour d’élection dans l’une des
riches cités babyloniennes modernes : un tableau bigarré. Des populations
païennes vivaient dans l’idolâtrie. Des trafiquants s’étaient installés dans la
partie basse de la ville et y prospéraient comme une gangrène. C’était jour d’élection,
et selon l’usage binaire des prétendus votes de la politique, s’affrontaient
pour la forme les partis progressistes et travaillistes et les partis conservateurs
et réactionnaires, quels que soient les noms donnés à ces fictives oppositions.
En fin de compte, et comme de toute éternité, serait élu quelque fils privilégié
de la société.
Seul un obscur poète, perdu dans une vieille
veste de matelot, était tout à fait lucide au sujet de cette sinistre
pantalonnade démocratique. Il errait par les rues, abandonné comme un chien et
oublié de tous. L’instrument de l’ostracisme était le silence méprisant qui avait
toujours accueilli la moindre de ses productions. Il errait par les rues et l’éclat
charbonneux de ses yeux semblait jeter sur toute chose les plus sombres malédictions.
Marseille, 30 juillet 2020.
Frédéric
Perrot
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