Eric Doussin |
et
sans nom il va, il avance et sait qu’il doit avancer, son chemin est tracé, il
sait qu’il doit avancer et avance à travers une vaste étendue désertique, il
avance et sait qu’il doit avancer, son chemin est tracé, il sait qu’il doit
avancer et avance à pas mesurés sur ce sol étranger, dans cette vaste étendue
désertique que baigne une lumière pâle qui ne ressemble en rien à la lumière
qu’il a toujours connue auparavant, qui n’est pas la lumière du monde dans
lequel il a toujours vécu, un monde dont le souvenir devient confus mais dont
il sait qu’il n’a rien de commun avec celui qu’il a sous les yeux, un monde
d’avant et où selon toute apparence il n’est plus…
et
sans nom il va, il avance et sait qu’il doit avancer, comme il sait que cette
lumière pâle n’est pas celle de son monde, comme il sait que ce sol et cette
poussière lui sont étrangers, et sans nom il va, il avance et sait qu’il doit
avancer, comme il sait que ce monde n’a rien de commun avec celui qu’il a
toujours connu, comme s’il n’était plus en quelque endroit même ignoré de son
monde, mais à la surface d’un autre monde où son chemin est tracé, où il avance
et sait qu’il doit avancer, et où sans nom il va à travers une vaste étendue
plate et désertique comme aucune étendue désertique de son monde n’est plate et
perpétuellement identique à elle-même…
comme
s’il n’était plus dans le monde qu’il a toujours connu, mais ailleurs à la
surface d’un autre monde que son monde natal, qui n’a rien de commun, ne
ressemble en rien au monde qu’il a toujours connu, un autre monde qui est pour
lui l’étrangeté même et dans lequel pour des raisons qu’il ignore, de façon
incompréhensible il a été exilé, et où il doit vivre, c’est-à-dire avancer à
travers cette vaste étendue désertique perpétuellement identique à elle-même et
que baigne une lumière pâle qui n’est pas celle du monde qu’il a toujours connu
Le
texte appartient au recueil inédit La perte d’un visage (été 2005). Frédéric
Perrot.
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