Hambourg |
L’indifférence – Ce serait le propre de
l’homme de ne pas être indifférent…
L’idée risible de déchéance – « Pour
parler de déchéance, il faudrait au préalable avoir été quelqu’un… »
Sans le savoir, dans son récit, il
décrivit les circonstances précises de sa mort qui ne devait survenir que
plusieurs années plus tard.
« Je suis mort une fois de trop.
C’était la dernière. »
Etablir la juste distance – Qui est contre
le mur, ne voit pas le mur.
------------------------------
Le mensonge opère une scission ; il
est comme un brusque coup de ciseaux dans l’étoffe de la réalité, une
déchirure. La réalité était une ; elle devient double.
À notre grand regret, nous devons
abandonner les recherches, nous ne le retrouverons pas : il a peu à peu
disparu dans les sables mouvants de sa vanité.
Un impatient – « Je n’ai pas de temps
à vous consacrer, j’organise ma fuite dans l’imaginaire : puisque pour ma
propre santé, cela devient urgent, qu’il ne saurait être question d’ajourner
davantage, veuillez me pardonner de vous planter là et de laisser vos
sollicitations sans réponses. »
------------------------------
Contre le pessimisme – « Si je suis
pessimiste, c’est surtout par rapport à moi-même. »
Contre l’introspection aussi – « À
force de te percer à jour, tu es simplement devenu insignifiant pour toi-même.
»
Il était parvenu à un tel mépris de la
première personne que la moindre de ses pensées, il aurait voulu la placer
entre guillemets ; comme une citation de quelqu’un d’autre.
Examen de minuit – « Aujourd’hui, tu
as encore raté quelques occasions d’être humain… »
Ou – « Tu as passé un test
d’humanité et une nouvelle fois il s’est révélé négatif. »
« Je manque d’humanité » À peine
a-t-il prononcé ces mots, dans l’intimité de sa conscience, qu’il se retrouve
dans une salle des pas-perdus, où tout est mouvement et solitude soucieuse.
------------------------------
Tu n’aimes pas l’idée de combat, le mot
même te déplaît, mais tu es bel et bien engagé dans un combat, où il s’agit
pour toi de défendre ce qui t’appartient peut-être en propre, ce substrat
d’indépendance, ce refus d’être étiqueté.
L’éloignement – « Me voyant parmi
vous, vous me croyez encore avec vous. Vous n’avez rien remarqué, mais je vous
quitte. Imperceptiblement je glisse hors de vos sphères d’influence : vos
soucis me deviennent étrangers et vos propos ne m’atteignent plus. Pour des
raisons purement esthétiques, je refuse l’uniforme que vous voulez me voir
porter. Je n’aime pas les rues et les villes que vous présentez à mon esprit,
je n’aime pas votre appréhension des choses et votre regard sur elles, car
c’est un regard de taupe ; à cette différence près que la taupe n’y est
pour rien, si je puis dire : sa cécité est native. »
Ou – « Ce n’est pas un drame que nous
soyons tous des consciences séparées, ainsi du moins n’avez-vous pas accès à
mon univers personnel. Certes, il est minuscule, voire infime, mais j’y tiens
d’autant plus et je me battrai jusqu’au bout pour le préserver de vos regards
louches et de vos froides analyses. »
Un visiteur d’un autre monde,
débarquant à n’importe quel endroit de notre planète, serait sans doute interloqué. « Mais comment
parvenez-vous à respirer dans un tel climat de haine ? »
Tu n’aimes pas l’idée de combat, le
mot même te déplait, mais tu l’emploies… Tu te refuses à employer le mot lutte,
dont « l’extension » à tous les domaines de la vie te paraît bien
regrettable.
Contre la psychologie et ses excès –
« Pardonnez-moi si je garde mes distances, mais je suis allergique à vos explications d’ordre
psychologique. »
------------------------------
Illusions – « J’aurai vécu porté par
nombre d’illusions. Par exemple, je me disais : un poète ne se résout pas au
massacre de la parole. Quand j’ai constaté que les poètes ou ceux qui se
disaient tels, au contraire, y participaient et même activement, j’ai préféré
m’écarter, m’éloigner et me taire.»
Rapports humains – « Nous ne tuons
personne, nos crimes sont symboliques… Mais ces êtres symboliquement tués,
n’existent plus pour nous. »
Le test d’humanité s’est révélé
définitivement négatif.
Mais grâce vous soit rendue – « Sans
vous, je n’aurais jamais su que je pouvais haïr autant. »
(Marseille, mars 2017 – Hambourg,
février 2019)
Frédéric Perrot
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire