mardi 5 février 2019

dernière lecture publique

Marseille, 5 février 2015

Etait réunie ce soir-là une petite dizaine d’auteurs. J’ai lu entre autres Non sans réticence, extrait de mon recueil, Les heures captives.


Non sans réticence, je suis devenu l’homme que je redoutais d’être. Ma cage est métaphorique, mon lit n’est pas de paille ; mais je suis docile, perclus d’habitudes, derrière leurs barreaux. Les révoltes confuses de mon adolescence, je les ai retournées contre moi-même et dans cette lutte, elles ont perdu toute innocence.
Les années passant, je me suis usé, je me suis rabougri. Certes, je ne me déchire plus la chair des doigts à coups d’épingle. Par contre, je crains les cambriolages et je n’ignore plus que la monotonie est cette moitié du néant
Je ne pense pas, je pense peu, je suis une bouteille vide. Je vais à mon travail, je fais mes heures péniblement. Puis je rentre, je m’enferme dans mon appartement. Quand il m’arrive de rêver, mes rêves d’épuisé sont sordides ou fleur bleue…

Au fil du temps, j’ai accepté de n’être rien, j’ai oublié toute réticence.

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       Sur un thème semblable, Laurent Bouisset a lu « L’œuf intact », extrait de son recueil Dévore l’attente.


Adolescents
Nous étions jetés par l’été
Comme électrons

Nous étions appelés
À présumer de nos puissances

Et contenant le monde en face
Dans les rets d’un regard moqueur

Nous sentions prêts à
Piétiner la pauvre vie
Comme un seul œuf

Accroupis face à l’œuf intact
À l’âge mûr

Nous rêvons sidérés l’éclat
D’un hiver lent



                                                                                             Frédéric Perrot - Février 2019

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