Marseille, 5 février 2015 |
Etait réunie ce soir-là une petite dizaine d’auteurs.
J’ai lu entre autres Non sans réticence, extrait de mon recueil, Les heures
captives.
Non sans réticence, je suis devenu l’homme que je
redoutais d’être. Ma cage est métaphorique, mon lit n’est pas de paille ;
mais je suis docile, perclus d’habitudes, derrière leurs barreaux. Les révoltes
confuses de mon adolescence, je les ai retournées contre moi-même et dans cette
lutte, elles ont perdu toute innocence.
Les années passant, je me suis usé, je me suis
rabougri. Certes, je ne me déchire plus la chair des doigts à coups d’épingle. Par
contre, je crains les cambriolages et je n’ignore plus que la monotonie est cette
moitié du néant…
Je ne pense pas, je pense peu, je suis une bouteille
vide. Je vais à mon travail, je fais mes heures péniblement. Puis je rentre, je
m’enferme dans mon appartement. Quand il m’arrive de rêver, mes rêves d’épuisé
sont sordides ou fleur bleue…
Au fil du temps, j’ai accepté de n’être rien, j’ai
oublié toute réticence.
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Sur un
thème semblable, Laurent Bouisset a lu « L’œuf intact », extrait de
son recueil Dévore l’attente.
Adolescents
Nous étions jetés par l’été
Comme électrons
Nous étions appelés
À présumer de nos puissances
Et contenant le monde en face
Dans les rets d’un regard moqueur
Nous sentions prêts à
Piétiner la pauvre vie
Comme un seul œuf
Accroupis face à l’œuf intact
À l’âge mûr
Nous rêvons sidérés l’éclat
D’un hiver lent
Frédéric Perrot - Février 2019
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