Eric Doussin |
À propos de quelques poètes contemporains
Les automates de la dérision s’amusent de
la mort d’un oiseau et saluent celle d’un vieux poète en rotant des vers
caducs. « Crève, charogne… »
Ils croient, la belle espérance, empoigner le réel, comme ils disent…
Mais ils ne broient que des mots.
La dérision, qui n’est ni l’humour,
ni la fantaisie, est sans doute le nec plus ultra de notre époque. Il s’agit de
ricaner comme tout le monde et de
montrer que l’on n’est pas dupe… Mais la dérision n’est intéressante que dans
la mesure où elle suppose une part de désespoir équivalente. Enfin, on n’écrasera
pas de tels cloportes en évoquant pour l’exemple Céline ou Beckett.
Chacune de leurs phrases se conclut par un
sourire en coin. Ce sont des grimaciers, des comédiens… Habitués à donner des
lectures, ils confondent un peu la poésie et le café-théâtre et écrivent comme
s’ils s’adressaient à un public… C’est le one
man show du poète.
Ce qui est insupportable, c’est qu’ils
compromettent le lecteur, en le supposant aussi ricaneur qu’eux…
Impression merveilleuse – Quand ils
écrivent travail, capitalisme, précarité, injustice,
vous ne voyez scintiller qu’un mot unique : moi, moi, moi…
Ce que monsieur le poète pense de l’injustice,
ce que monsieur le poète pense de la précarité… Et ainsi de suite.
« Je suis poète ». Trois mots,
trois grossièretés.
Aveu d’un poète prétendu : « Moi,
j’aime quand c’est débile… ». Qu’ajouter
à cette profession de foi ?
... Mais qu’ils ricanent et se croient
toujours supérieurs à ce qu’ils écrivent… Peu m’importe.
Frédéric Perrot
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