Lancer du
poids
« Au fond, je suis un
sportif, le sportif au lit. Comprenez-moi bien, à peine ai-je les yeux fermés
que me voilà en action.» (Henri Michaux, « Le sportif au lit », La nuit remue)
Je suis toujours
étonné de ma capacité à m’ennuyer, en tout lieu, toute circonstance, quelle que
soit la compagnie. L’ennui m’est un réflexe naturel, je crois, et je m’y
abandonne comme à une vague irrésistible où je sombre en bâillant… Ceci du
moins dans mes plus mauvais jours, dans les meilleurs je me soulage plutôt
ainsi : je vous soulève, au hasard, un pédant, le premier pédant qui me
tombe sous la main, et en tournant sur moi-même dans le cercle imparti, et avec
un mouvement du corps dont la souplesse étonne, je vous l’envoie voler au loin,
mais au loin !
Je ne saurais
dire combien mon exploit accompli, je respire plus librement. Mais tout le
monde vous le dira : pour un homme de peu comme moi, rien de tel que le
sport. À cet égard, je ne cesse de déplorer que le lancer de pédant ne soit pas
encore devenu une discipline olympique, non que j’aie particulièrement le goût
des médailles, mais briller aux dépens d’un pédant vous revigore un homme. À noter
que je ne dis pédant que pour la sonorité et par inclination naturelle :
maîtres, dieux, chefs, gourous, poètes sont autant de poids honorables !
Il est salubre sans doute de se débarrasser de ce qui pèse.
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