La mort est sans mystère
« Je ne parle pas de l’avant-goût de la mort qui est
fade et souvent désagréable. Souffrir est abrutissant.» (Maurice Blanchot, La folie du jour)
La mort est sans mystère ; elle
est la banalité même. Ce que nous pouvons redouter, ce sont « les préliminaires » de la mort,
comme les nommait avec une terrible ironie un poète contemporain ; ainsi
que l’envahissement de la vie par la mort…
Chaque jour, il faudrait se
dire que la mort n’aura pas le dernier mot et redresser fièrement la tête –
« Mais elle l’aura, tôt ou tard… »
« La mort nous pare de toutes les qualités ! »
– « Malheureusement, nous ne serons pas là pour entendre les mensonges et
les banalités que nos proches se sentiront obligés de prononcer à notre
sujet. »
On a prétendu que le désir
ultime de tout homme serait d’assister à ses propres funérailles. « Afin
de voir en somme s’il y a foule ou
bien personne, et qui est triste, qui ne l’est pas… » Ce n’est une fois
encore qu’un piètre rêve inspiré par la vanité et l’importance que nous nous
prêtons.
Ou : « N’en doutons
pas. À l’heure de notre mort, nous serons bien les seuls à nous regretter. »
Contre les faux sages –
« Je ne parviens pas à prendre au sérieux les personnes qui prétendent
ingénument qu’elles n’ont pas peur de la mort… J’accepte volontiers l’hypothèse
qu’elles n’y pensent pas et je précise qu’elles ont bien raison de ne pas y
penser ; car il n’est pas de pensée plus importune que celle de la mort… Mais qui y pense, jusqu’à en faire
le motif unique de ses obsessions, considère la vie tout autrement, comme un
fragile miracle, une grâce toujours menacée… »
Le syndrome de Montaigne – « Ce
sage, ce caractère bonhomme qu’était Michel de Montaigne, craignait grandement
la mort. Son obstination à proposer sur ce thème toutes sortes de banalités
consolantes – dont aucune ne tient véritablement la route, et pour cause !
–, au fond ne devrait tromper personne… On ne déploie pas une telle énergie à nier
la mort, jusqu’à prétendre qu’elle n’est qu’une « syllabe » – comme la vie, à ce compte –, si l’on est en paix
avec elle… Dans ses heures de solitude, Montaigne, comme chacun d’entre nous,
devait considérer l’idée et la perspective de sa propre mort comme
inacceptable, impossible… Et, comme il aurait été bien avisé de l’avouer
également ; cela nous aurait au moins épargné quelques cours de
philosophie sur son prétendu stoïcisme ! »
Ou : « Notre mort
n’est un événement que pour nous, un événement insignifiant et sans importance,
dont pourtant nous ne pouvons pas nous consoler… »
Plus justement sans doute – La
mort est un « non-événement », même pour le principal intéressé
– « … car à l’exception peut-être du condamné à mort, qui la voit en face,
il est rare que celui qui meurt, vive l’instant
de sa mort, en ayant encore toute sa lucidité… »
Frédéric Perrot
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Pour la musique et l'ironie, The Stranglers, "Everybody loves you when you're dead"
https://youtu.be/itRMx8fBwTo
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Pour la musique et l'ironie, The Stranglers, "Everybody loves you when you're dead"
https://youtu.be/itRMx8fBwTo
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