Un
orateur – Il était passé maître dans l’art de prononcer de longs discours pour
lui-même, les yeux ouverts dans l’obscurité.
Contre le ressentiment – « Vos écrits
sont encore bien amers. À votre place, je commencerais par me purger de mon
venin ; car qui croyez-vous donc piquer
avec votre langue de
vipère ? »
Ou : « Je n’aime pas
votre manière de juger l’humanité entière, sans avoir pris la peine de vous
considérer vous-même…»
« Il parle tout seul » – « Et
alors ? Il passe des heures et des heures en sa seule compagnie ; à
un moment ou à un autre, il lui faut bien entendre une voix humaine, fût-elle
la sienne… »
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La nuit élucidée – « Souvent la nuit
nous comble de révélations provisoires ; nous avons le sentiment de
parvenir à une vaste compréhension, non de nous-mêmes – car pour cela, le jour
suffit –, mais du malheur commun et de ce qui agit les hommes… Et s’il n’était
pas trois heures du matin, nous lancerions sans doute un éclatant Eurêka !
Hélas, à chaque fois, ces rapides éclairs de compréhension et les élans de joie
qui les accompagnent, s’achèvent dans l’ironie et la dérision d’un sommeil de brute, qui les engloutit… »
« Au cœur de la nuit » – « Quelques
mots qui ne veulent rien dire ; car la nuit n’a ni « cœur », ni « profondeur » :
la nuit n’est que le temps tel qu’en lui-même, le temps nu – Expérience
éprouvante, souvent douloureuse… »
Ou : « Je comprends fort bien
tous ceux, dont moi, qui ne supportent pas la nuit et n’ont d’autre but que de
l’habiter artificiellement ou de la traverser à vive allure, au gré de
l’ivresse…»
Sans trace d’ironie – « Ces nuits,
nous les avons vécues jusqu’au bout et intensément. Nous étions là, avec des
amis, et la conversation nous portait, nous passionnait. Nous avons beaucoup
ri, et parfois au fil de la conversation, nous nous sommes livrés, plus que
nous l’aurions voulu… Mais quelle importance ? Nous étions vivants et nous
ne voulions surtout pas dormir… »
Frédéric Perrot
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