Il n’existe qu’une
certitude définitive sur la nature humaine, elle est changeante.
Les
comédiens ont bien de la chance. Ils peuvent choisir de jouer dans une tragédie
ou dans une comédie, de souffrir ou de se divertir, de rire ou de verser des
larmes. Ce qui est différent de la vie réelle. La plupart des hommes et des
femmes sont obligés d’y tenir des rôles pour lesquels ils n’ont aucune
qualification. Le monde est une scène de théâtre, mais les rôles ont été mal
distribués.
Aux
yeux de quiconque a lu l’Histoire, la désobéissance est la vertu originelle de
l’homme. La désobéissance a permis le progrès – la désobéissance et la
rébellion.
Recommander
aux pauvres d’être économes est à la fois grotesque et insultant. Cela revient
à conseiller à un homme qui meurt de faim de manger moins.
Une
cause n’est pas nécessairement vraie parce qu’un homme meurt pour elle.
Les
présages n’existent pas. Le destin ne nous envoie pas de messagers. Il est bien
trop avisé ou cruel pour cela.
Les
idéaux sont choses dangereuses. Il vaut bien mieux se confronter aux réalités.
Elles blessent, mais elles sont bien meilleures.
Rien
n’est aussi dangereux que d’être trop moderne. On a tendance à devenir vieux
jeu sans s’en rendre compte.
L’âme
est vieille à la naissance mais rajeunit. C’est la comédie de la vie. Le corps
est jeune à la naissance et vieillit. C’est la tragédie de la vie.
Je
ne pense pas que l’homme ait de grandes capacités de développement. Il est allé
aussi loin qu’il le pouvait, ce qui n’est pas bien loin.
La
vie nous fait payer trop cher ce qu’elle nous offre, et le plus insignifiant de
ses secrets doit être acheté un prix exorbitant et infini.
On
peut résister à tout sauf à la tentation.
Un
sentimental est un homme qui donne à tout une valeur absurde et qui n’a aucune
idée du prix de quoi que ce soit.
La
ponctualité est une voleuse de temps.
Nous
sommes tous dans le caniveau, mais certains d’entre nous regardent les étoiles.
Pour
un homme ou une nation, le mécontentement est le premier pas vers le progrès.
Quelle
est la différence entre le journalisme et la littérature ? Le journalisme
est illisible et la littérature n’est pas lue.
Plus
je vis et plus je suis persuadé que tout ce qui était bon pour nos pères ne
l’est pas assez pour nous. En art, comme en politique, « les grands-pères
ont toujours tort ».
L’idéal
moderne est un homme parfaitement bien informé. Et l’esprit d’un homme
parfaitement bien informé est une chose terrible. Il ressemble à une boutique
de bric-à-brac, rien que des monstres et de la poussière, chaque chose marquée
d’un prix bien supérieur à sa valeur réelle.
La
valeur d’une idée n’a absolument rien à voir avec la sincérité de l’homme qui
l’exprime.
L’éducation
est une chose admirable, mais il faudrait parfois se rappeler que rien de ce
qui vaut la peine d’être connu ne peut s’enseigner.
Il
est tout à fait erroné de croire, comme le font beaucoup de gens, que l’esprit
d’une personne se révèle dans son visage. Le vice s’inscrit parfois dans les
lignes et leurs modifications, mais c’est tout. Notre visage est en réalité un
masque qui nous a été donné pour dissimuler notre esprit.
Aujourd’hui
les gens connaissent le prix de tout et la valeur de rien.
Révéler
l’art et dissimuler l’artiste, tel est le but de l’art.
On
devrait toujours être légèrement improbable.
Il
est tragique de voir qu’aujourd’hui, en Angleterre, il y a tant de jeunes gens
qui démarrent dans la vie avec les meilleures espérances et qui finissent par
embrasser quelque profession utile.
Oscar Wilde, Aphorismes
Traduction de Bernard
Hœpffner
(avec la collaboration de Catherine Goffaux)
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