Eric Doussin |
9 décembre 1913
Les plus sombres jours de l’année
Ont pour devoir de devenir lumière.
Je ne trouve pas de comparaison
Pour dire la douceur de tes lèvres.
Tes yeux, je te défends de les lever vers
moi.
Épargne ma vie.
Ils sont plus clairs que les violettes
nouvelles,
Mais mortels pour moi.
Je l’ai compris : les mots sont
inutiles ;
Légères, les branches sous la neige…
L’oiseleur a déjà tendu
Ses pièges près de la rivière.
……………………….
Le vingt et un. La nuit. Lundi.
Les contours de la ville dans la brume.
Je ne sais quel nigaud a prétendu
Que l’amour existe sur terre.
Paresse ? Ennui ? On y a cru.
On en vit ; on attend le rendez-vous.
On craint la séparation.
On chante des chansons d’amour.
D’autres découvrent le secret ;
Un silence descend sur eux…
Je suis tombée là-dessus par hasard.
Depuis, je suis comme malade.
1917
Anna Akhmatova, Requiem, Poème sans héros
(et autres poèmes)
Présentation et traduction de Jean-Louis
Backès
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