mardi 24 mai 2022

Naufrages

Eric Doussin, Naufrages, octobre 2015

 

Une certaine délicatesse

Exige que nos naufrages

Demeurent inaperçus

 

Nous garderons secrètes

Nos tristesses

Nos défaites

 

Nous resterons discrets

Sur nos souffrances

Nos échecs

 

Mais pour nous-mêmes

Nous en percerons le sens

Comme on perce un abcès

 

 

 

Le poème appartient au recueil Les Fontaines jaillissantes (avril 2021). Frédéric Perrot

 

mardi 17 mai 2022

Aucune œuvre pérenne


 

                                                                                                Pour Guillaume,

 

 

Il me plaît de rêver

À Lucien de Rubempré

À la fin des Illusions perdues

 

Elégamment vêtu il se promène

Dans les vignes du pays d’Angoulême

Il y cueille des fleurs et marche vers sa mort

 

Authentique poète

Son vouloir déficient

A donné peu de fruits

 

Et meurtri dans sa chair

Malgré tout son talent

Il ne laisse derrière lui

 

Aucune œuvre pérenne

      

Seul un roman historique

Et un recueil de vers exquis

Nommé Les Marguerites !

 

Revenu de l’enfer de la vie parisienne

Il marche librement vers une mort certaine

 

Ange déchu

Son bouquet symbolique

De fleurs jaunes à la main

 

Comme il a fait le malheur des siens

Et qu’à sa grande honte

Il s’appelle Chardon

 

Il s’en va se noyer

Engloutir dans un trou

Son chagrin et son nom…

 

Mais il croise alors la route

D’un curieux personnage

Et entre ces deux-là

 

Le vrai poète

Le faux ecclésiastique

Un pacte diabolique

 

Est rapidement scellé

C’est un autre roman

Qui commence déjà…

 

Mais Lucien reste pour moi

Ce pâle enfant éclatant de beauté

 

Qui marche sous le soleil

Ne se soucie de rien

Et flâne vers sa mort…

 

 

Le poème a été écrit en février 2016. Le bon film de Xavier Giannoli rend justice à la férocité du regard de Balzac sur la société parisienne et le petit monde des journalistes. Frédéric Perrot.

Honoré de Balzac, Illusions perdues (notes au fil de la lecture)

 

« Si l’on devinait dans cette face les éclairs du génie qui s’élance, on voyait aussi les cendres auprès du volcan ; l’espérance s’y éteignait dans un profond sentiment du néant social où la naissance obscure et le défaut de fortune maintiennent tant d’esprits supérieurs.»

 

« … car les jeunes gens commencent par aimer à l’exagération, ce mensonge des belles âmes.»

 

Sur Balzac, ces lignes inégalées de Baudelaire : «  J’ai maintes fois été étonné que la grande gloire de Balzac fût de passer pour un observateur ; il m’avait toujours semblé que son principal mérite était d’être visionnaire, et visionnaire passionné. Tous ses personnages sont doués de l’ardeur vitale dont il était animé lui-même. Toutes ses fictions sont aussi profondément colorées que le rêve. Depuis le sommet de l’aristocratie jusqu’aux bas-fonds de la plèbe, tous les acteurs de sa Comédie sont plus âpres à la vie, plus actifs et rusés dans la lutte, plus patients dans le malheur, plus goulus dans la jouissance, plus angéliques dans le dévouement, que la comédie du vrai monde ne nous les montre.»

 

Plus angéliques dans le dévouement que le commun des mortels – Cela vaut pour Eve, la sœur. Les scènes charmantes sur les bords de la Charente  Cela vaut pour David, qui connaissant la mollesse de Lucien et son caractère, a le pressentiment de son échec à Paris. Ce sont les derniers mots de la première partie (Les deux poètes) : « L’imprimeur remonta dans son méchant cabriolet, et disparut le cœur serré, car il avait d’horribles pressentiments sur les destinées de Lucien à Paris. »

 

« Lucien devina qu’il avait l’air d’un homme qui s’était habillé pour la première fois de sa vie.»

 

« Il chemina jusqu’au quai des Augustins, se promena le long du trottoir en regardant alternativement l’eau de la Seine et les boutiques des librairies, comme si un bon génie lui conseillait de se jeter à l’eau plutôt que de se jeter dans la littérature.»

 

« Lucien traversa le Pont-Neuf en proie à mille réflexions. Ce qu’il avait compris de cet argot commercial lui fit deviner que, pour ces libraires, les livres étaient comme des bonnets de coton pour des bonnetiers, une marchandise à vendre cher, à acheter bon marché.»

 

« Le journalisme est un enfer, un abîme d’iniquités, de mensonges, de trahisons, que l’on ne peut traverser et d’où l’on ne peut sortir pur, que protégé comme Dante par le divin laurier de Virgile.»

 

« La polémique, mon cher, est le piédestal des célébrités.»

 

« La conscience, mon cher, est un de ces bâtons que chacun prend pour battre son voisin, et dont il ne se sert jamais pour lui.»

 

« Tout journal est, comme le dit Blondet, une boutique où l’on vend au public des paroles de la couleur dont il les veut. S’il existait un journal des bossus, il prouverait soir et matin la beauté, la bonté, la nécessité des bossus.»

 

Le goût du luxe de Lucien : «  Ce luxe agissait sur son âme comme une fille des rues agit avec ses chairs nues et ses bas blancs bien tirés sur un lycéen. »

 

Sur Paris – « Paris est un singulier pays, dit Lucien en trouvant l’intérêt accroupi dans tous les coins.»  Et  : « Il est difficile, répondit Lucien en revenant chez lui, d’avoir des illusions sur quelque chose à Paris. Il y a des impôts sur tout, on y vend tout, on y fabrique tout, même le succès. ». « Vers huit heures, au feu des lustres allumés, les meubles, les tentures, les fleurs de ce logis prirent cet air de fête qui prête au luxe parisien l’apparence d’un rêve.»

 

L’enfer des intérêts et des amours-propres qu’est le Paris de Balzac –

 

Le pouvoir du nom – Les jeux presque littéralistes sur les noms des différents personnages. Finot, qui l’est en effet, le père Séchard et sa soif inextinguible –

 

« Le caractère de l’amour véritable offre de constantes similitudes avec l’enfance : il en a l’irréflexion, l’imprudence, la dissipation, le rire et les pleurs.»

 

« Il est à remarquer que certaines âmes, vraiment poétiques, mais où la volonté faiblit, occupées à sentir pour rendre leurs sensations par des images, manquent essentiellement du sens moral qui doit accompagner toute observation. Les poètes aiment plutôt à recevoir en eux des impressions que d’entrer chez les autres y étudier le mécanisme des sentiments.»

 

« Les belles âmes arrivent difficilement à croire au mal, à l’ingratitude, il leur faut de rudes leçons avant de reconnaître l’étendue de la corruption humaine ; puis, quand leur éducation en ce genre est faite, elles s’élèvent à une indulgence qui est le dernier degré du mépris. »

 

Le goût de paraître – « le vice principal du Français ». « Ainsi Lucien sacrifiera toujours le meilleur de ses amis au plaisir de montrer son esprit. Il signerait volontiers demain un pacte avec le démon, si ce pacte lui donnait pour quelques années une vie brillante et luxueuse ».

 

Le mauvais exemple de Napoléon – « C’est le défaut des Français dans votre époque. Ils ont été gâtés tous par l’exemple de Napoléon »

 

« Dans une vie tiède le souvenir des souffrances est comme une jouissance indéfinissable.»

 

 

                                           Notes au fil de la lecture – janvier 2016.

                                                                              Frédéric Perrot


mardi 10 mai 2022

Annie Ernaux, Le jeune homme (note de Journal)


 

9 mai – Annie Ernaux, Le jeune homme. On peut bien sûr comme la critique unanime du Masque et la Plume parler de quintessence de l’art d’Annie Ernaux et de « récit proustien »… Ce qui laisse rêveur, à ne considérer que la platitude de ce tout petit livre, à peine trente pages, qui ressemble quand même beaucoup à un fond de tiroir. Ecrit entre 1998 et 2000 et publié assez opportunément en ce début d’année 2022, alors que paraît également un Cahier de L’Herne… Très désagréable en ce qu’il exprime. Le mépris de classe de la vieille « bourge » pour le jeune homme dont les manies sont celles d’un « plouc », lui rappellent bien malgré elle son « origine populaire » dont elle s’est arrachée à toute force… Si l’on était méchant, on pourrait dire que ce jeune homme « soumis à la précarité et à l’indigence »  n’est  qu’un sex-toy pour une vieille peau, elle a trente ans de plus que lui, qui s’imagine transgressive, « scandaleuse »… On goûtera la médiocrité et le cynisme fort peu de gauche du contrat tacite : il me donne du plaisir, je lui paye des restos et des voyages… Petits calculs de boutiquière. C’est consternant… D’autant que ce jeune homme n’est qu’un instrument rapidement sacrifié sur l’Autel du livre, le fameux et grand Livre (L’événement) qui s’écrit dans son dos, si je puis dire… Les critiques unanimes parlent à ce moment de cruauté, la cruauté de l’écrivain... Il ne faudrait pas exagérer, on n’est pas dans un livre d’Hervé Guibert : c’est trop plat et trop bêtement sociologique… Car bien sûr, le jeune homme est un symbole de sa génération bovine : il est apolitique, il aime « Téléfoot » et « Nulle part ailleurs », etc. On voit le niveau et les nuances de l’analyse… Le seul passage à peu près intelligent explique que nombre de vieux beaux en font autant avec des jeunes filles, sans que personne ne s’en offusque, parce que ce sont des hommes… Enfin, d’autres critiques genre Figaro Magazine, réacs et misogynes, ont souvent reproché à Annie Ernaux d’écrire des livres de midinette : pour le coup, hélas, c’en est un… Totalement inutile. Cela peut se lire sans fatigue trois ou quatre fois dans l’après-midi, ça coûte 8 euros, c’est publié chez Gallimard.


 

Il y a de bien meilleurs livres à lire d’Annie Ernaux. Je ne citerai que Les années (2008). Frédéric Perrot.

lundi 2 mai 2022

sur Joseph Karma de Denis Hamel


 

« Si l’idée de mettre fin à ses jours n’avait jamais sérieusement intéressé Joseph Karma, ce n’était pas par amour de la vie ou par courage devant l’adversité, mais surtout par la force d’un interdit moral qui l’empêchait de faire subir à ses proches la douleur de le perdre. Quand bien même il n’était pas certain de leurs sentiments à son égard, cette éventualité lui était insupportable. Ce n’était donc pas une question de choix, de volonté, mais plutôt d’éducation, de dressage. Au fond il n’y a pas ou très peu de liberté dans la vie, seulement une série de dressages, avec ce que cela suppose de récompenses et de punitions, et qui finissent par former la personnalité à partir des caractères héréditaires. Pour sa part, Karma n’avait jamais été un révolté, il avait patiemment supporté tous les dressages qu’on lui avait administrés, n’y opposant quelquefois qu’une certaine forme d’inertie, de mauvais vouloir qu’il gardait toujours pour lui. Ce n’est que peu avant son internement, il y a peut-être six ou sept ans, qu’il avait exprimé un réel refus de l’existence et une incapacité complète de continuer à répondre à ses exigences. Depuis cette hospitalisation, qui dura quinze jours et durant laquelle une transformation importante s’était opérée dans son psychisme, comme une remise à zéro, il n’avait jamais cessé d’avoir recours aux drogues prescrites par la psychiatrie. Il savait qu’à l’intérieur de lui les puissances de mort et de chaos qui l’avaient conduit à l’asile étaient encore intactes, en sommeil, prêtes à émerger des profondeurs pour mener à terme leur œuvre d’épouvante et d’anéantissement. Seul l’effet anesthésiant des drogues lui permettait de vivre une vie normale, terne mais supportable. »

 

Ces lignes révélatrices sont extraites du « récit autobiographique en partie fictionnel » de Denis Hamel, Joseph Karma. Je n’épiloguerai pas sur cette caractérisation en soi problématique – récit autobiographique, en partie fictionnel ? – pour me concentrer sur l’essentiel.

Ce Joseph Karma, dont le nom évoque bien sûr le personnage du Procès de Kafka ou une chanson pop dépressive du groupe Radiohead (Karma Police), est un double de l’auteur Denis Hamel, qui lui prête quelques traits saillants de sa propre biographie. Le meilleur exemple est que ce Joseph Karma est poète, ce que l’on a un peu du mal à croire au début, tant ce malheureux personnage semble engoncé dans ses problèmes d’ordre psychologiques et affectifs, qui se résument pour moi à un seul, mais fondamental : Joseph Karma veut être normal, mener « une vie normale ». Or, le personnage va prendre conscience au fur et à mesure du livre de cette évidence non moins fondamentale : la normalité est « terne », quand elle n’est pas impitoyable…

 

Mais qu’est-ce qu’être normal, et qu’est-ce qu’une « vie normale » ? C’est bien sûr avoir un travail – Karma en a un, qui ne l’enthousiasme guère –, un appartement à soi – Karma en a un, qu’il néglige jusqu’à le rendre invivable – et non moins évidemment avoir des amis et peut-être même une compagne. La seconde partie du livre raconte ainsi les efforts infructueux de Karma sur « les sites internet de rencontre », chacune des cinq tentatives  en ce sens se révélant un échec cuisant : « Fin de la première tentative », « Fin de la seconde tentative », etc.

Il n’y a pas de bonheur dans l’échec comme osait le prétendre Herman Melville et le personnage s’enfonce toujours plus dans son mal-être. Un autre nom au vu de ce rapide résumé semble s’imposer : celui de Michel Houellebecq, qui depuis ses premiers livres a fait de la désespérance sociale et de la misère sexuelle son fonds de commerce… Denis Hamel apprécie le poète Michel Houellebecq qu’il cite d’ailleurs, en étant plus réservé sur ses romans… Mais je vois pour ma part deux différences de taille avec disons « le poncif » houellebecquien : l’une concerne l’auteur, l’autre son personnage. Si le livre de Denis Hamel est par moments bien glauque, il est exempt de ce cynisme racoleur qui est la marque de fabrique de l’auteur de Plateforme ; et son personnage ne connaît aucune de ces pulsions meurtrières qui hantent peu ou prou tous les personnages houellebecquiens : du couteau d’Extension du domaine de la lutte, jusqu’au fusil à lunette du calamiteux Sérotonine.

Non, Joseph Karma est un personnage doux et effrayé, volontiers contemplatif, un « fantôme de nulle part perdu dans le champ de bataille de l’existence. » C’est un malheureux, qui n’y arrive pas tout simplement et n’en veut à personne…

 

« Et puis y a Frida/qu’est belle comme un soleil », comme chantait l’autre ! Car malgré tout, presque par hasard, grâce à son activité de poète, toujours sur le net d’abord, Joseph Karma fait la connaissance d’une poétesse, Marianne Broch, dont on apprend entre autres choses qu’elle « semblait intimidée », « voulait devenir écrivain » et « fumait beaucoup ». L’essentiel, dès le premier rendez-vous, est dit en trois mots: « Ils se plurent. » C’est beau et simple comme du Flaubert : « Il voyagea.», etc.

Le récit ne tourne cependant pas à la guimauve. Si Joseph Karma, selon le vieux mythe platonicien, a bel et bien rencontré son « âme sœur », l’idylle se heurte aussi parfois aux tristes difficultés prosaïques des corps et aux mystères impénétrables de la libido.

Je n’en dirai pas plus à ce sujet, mais on est dès lors très loin de Houellebecq, dont l’imaginaire érotique est celui de la pornographie la plus plate et la plus bête… Plutôt chez Tchekhov ou Brel encore (La chanson des vieux amants). Peu importe. L’amour est là, qui ne va pas sans inquiétude. Et c’est cette inquiétude qui donne aux dernières pages leur beauté et leur mélancolie.

   

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J’ajouterai encore deux ou trois remarques, au hasard.

 

Denis Hamel me semble avoir une solide culture philosophique, parfois très pointue (Schopenhauer, Lévinas) qui donne une certaine ampleur à son propos et lui permet d’échapper au réalisme disons sociologique, où aiment à se vautrer tant d’écrivains français.

 

Comme je l’ai dit, ce nom Joseph Karma semble un clin d’œil à Kafka et en particulier au Procès. Il y a à cet égard au moins deux scènes, d’une étrangeté toute kafkaïenne : la scène finale, dans « le wagon », que je ne révèlerai pas, et cette autre où Joseph Karma découvre comment fonctionne en fait le distributeur automatique qui vient d’avaler sa précieuse carte bancaire ; comme Joseph K. découvrait dans Le Procès que de singulières pratiques sadomasochistes pouvaient avoir lieu le soir dans « un débarras » de sa banque…  Hallucination cauchemardesque dans les deux cas, sans doute : qui sait ?

 

Il faudrait encore parler de la musique, des séances de piano à quatre mains, de Bashung, qui ouvre et d’une certaine manière referme le récit, sans le conclure : « Donnez-moi de nouvelles données ». C’est tout ce que l’on souhaite à Denis Hamel : de nouvelles données… Et ce sera tout.

 

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Denis Hamel, Joseph Karma

Editions du Petit Pavé, 2022

 

Le récit est suivi en Annexe d’un passionnant entretien sur la poésie.  

 

dimanche 1 mai 2022

Bonne pensée du matin (un poème d'Arthur Rimbaud)


 

À quatre heures du matin, l’été,

Le sommeil d’amour dure encore.

Sous les bosquets l’aube évapore

       L’odeur du soir fêté.

                                                                                                      

Mais là-bas dans l’immense chantier

Vers le soleil des Hespérides,

En bras de chemise, les charpentiers

       Déjà s’agitent.

 

Dans leur désert de mousse, tranquilles,

Ils préparent les lambris précieux

Où la richesse de la ville

       Rira sous de faux cieux.

 

Ah ! pour ces Ouvriers charmants

Sujets d’un roi de Babylone,

Vénus ! laisse un peu les Amants,

       Dont l’âme est en couronne.

 

       Ô Reine des Bergers !

Porte aux travailleurs l’eau-de-vie.

Pour que leurs forces soient en paix

En attendant le bain dans la mer, à midi.

 

 

                                                      Mai 1872

Dans les allées du parc (deux poèmes)

Hanovre, juillet 2015

 

I. L’orateur

 

 

Dans une allée solitaire du parc

Juché sur un banc

L’homme parlait

Devant une assemblée invisible

 

L’orateur semblait pris

Par son discours

Mais il s’exprimait

D’une manière si étrange

 

Qu’il était difficile

De déterminer 

L’objet précis

De ce discours emporté

 

Où les mots se heurtaient

Comme à la bataille

Dont le flot ne semblait

Jamais devoir s’interrompre

 

Et qui l’agitait

Tout entier

Comme le vent agite

Les guenilles d’un épouvantail

 

 

II. Le point de vue de Sirius

 

 

Dans les allées plus peuplées

Envahies de visiteurs

Venus de tout le continent

 

Des femmes masquées

Montées sur de fines échasses

Exécutent de prudentes arabesques

En agitant des rubans de couleur

 

Une lourde musique

Qui semble retentir

Pour l’univers entier

Martèle à contretemps

Leurs avancées

De libellules


Sous le regard fasciné

De quelques enfants

La vaste indifférence

Du ciel étoilé

 

 

Les deux poèmes sont nés d’une rêverie dans un parc de Hanovre en juillet 2015. Frédéric Perrot