9
mai – Annie Ernaux, Le jeune homme. On peut bien sûr comme la critique
unanime du Masque et la Plume parler de quintessence de l’art d’Annie
Ernaux et de « récit proustien »… Ce qui laisse rêveur, à ne considérer
que la platitude de ce tout petit livre, à peine trente pages, qui ressemble
quand même beaucoup à un fond de tiroir. Ecrit entre 1998 et 2000 et
publié assez opportunément en ce début d’année 2022, alors que paraît également
un Cahier de L’Herne… Très désagréable en ce qu’il exprime. Le mépris de classe
de la vieille « bourge » pour le jeune homme dont les manies
sont celles d’un « plouc », lui rappellent bien malgré elle son
« origine populaire » dont elle s’est arrachée à toute force…
Si l’on était méchant, on pourrait dire que ce jeune homme « soumis à
la précarité et à l’indigence »
n’est qu’un sex-toy pour
une vieille peau, elle a trente ans de plus que lui, qui s’imagine
transgressive, « scandaleuse »… On goûtera la médiocrité et le
cynisme fort peu de gauche du contrat tacite : il me donne du
plaisir, je lui paye des restos et des voyages… Petits calculs de
boutiquière. C’est consternant… D’autant que ce jeune homme n’est qu’un instrument
rapidement sacrifié sur l’Autel du livre, le fameux et grand Livre (L’événement)
qui s’écrit dans son dos, si je puis dire… Les critiques unanimes
parlent à ce moment de cruauté, la cruauté de l’écrivain... Il ne
faudrait pas exagérer, on n’est pas dans un livre d’Hervé Guibert : c’est
trop plat et trop bêtement sociologique… Car bien sûr, le jeune homme
est un symbole de sa génération bovine : il est apolitique, il aime
« Téléfoot » et « Nulle
part ailleurs », etc. On voit le niveau et les nuances de l’analyse…
Le seul passage à peu près intelligent explique que nombre de vieux beaux
en font autant avec des jeunes filles, sans que personne ne s’en offusque,
parce que ce sont des hommes… Enfin, d’autres critiques genre Figaro
Magazine, réacs et misogynes, ont souvent reproché à Annie Ernaux d’écrire
des livres de midinette : pour le coup, hélas, c’en est un…
Totalement inutile. Cela peut se lire sans fatigue trois ou quatre fois dans
l’après-midi, ça coûte 8 euros, c’est publié chez Gallimard.
Il y a de bien meilleurs livres à lire d’Annie Ernaux. Je ne citerai que Les années (2008). Frédéric Perrot.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire