jeudi 6 février 2025

Nicolas Le Flahec, Jean-Patrick Manchette : Écrire contre

 


Présentation de l’éditeur :

 

       En 1995, à cinquante-deux ans, mourait Jean-Patrick Manchette, le romancier qui, dans un même mouvement, a profondément renouvelé le polar français et largement contribué à forger son statut littéraire. Pour le trentième anniversaire de sa disparition, Nicolas Le Flahec nous propose une étude qui, pour la première fois, embrasse les différentes composantes de l’œuvre de Manchette : romans, nouvelles, pièce de théâtre, scénarios, articles de journaux, traductions, correspondance, entretiens… Des travaux de commande aux publications posthumes, il redessine les contours d’une production composite pour en appréhender la cohérence et les tensions, tout en éclairant les liens qu’entretient Manchette avec Hammett, Chandler ou Westlake, mais aussi avec Hegel, Marx, Flaubert, Orwell, Perec ou Debord.


mardi 28 janvier 2025

Conversation nocturne

 

« I am calling, yes I’m calling, just to speak to you

               For I know this night will kill me, if I can’t be with you »

                                  Lou Reed, New York telephone conversation

                                 

 

     Hier, j’ai parlé avec un mort au téléphone. Je le dis sans détours, ni circonvolutions. J’avais dû m’assoupir sur un livre ardu de philosophie politique, comme le laissait deviner ma lampe de chevet restée allumée. Cela, je ne me le suis dit qu’ensuite, mais qu’importe la façon dont je raconte… Le bruit de la sonnerie m’a paru considérable dans le silence de la nuit et tiré en sursaut de mon demi-sommeil, j’ai attrapé mon téléphone et fait glisser mon doigt sur l’écran comme par réflexe, sans songer que je mettais toujours l’appareil en silencieux le soir et que par conséquent je n’aurais pas dû entendre cette sonnerie.

     J’ai selon toute vraisemblance marmonné quelque phrase idiote, sans chercher à dissimuler ma mauvaise humeur : « Allo ? Oui ? C’est pour quoi ? ». Il y a eu un long silence... Ne me parvenait qu’un souffle lointain, comme dans les films à suspense, ainsi que des ronronnements indistincts pouvant évoquer des moteurs, des machines… Puis, d’une voix caverneuse, j’oserai presque dire terreuse, mon correspondant s’est présenté, a décliné son identité et ses qualités et m’a demandé si je me souvenais de lui. Lucien…  Ce n’était pas possible… Qu’on se figure ma stupeur ! Comment un mort pouvait-il parler ? Et surtout, surtout comment un mort pouvait-il passer un coup de téléphone… Cela dépassait l’entendement. Ce n’était pourtant pas une plaisanterie, une mauvaise plaisanterie, ou un rêve… Tout habillé et pas très frais certes, j’étais néanmoins parfaitement réveillé. Je dirai même que je n’avais jamais été à ce point réveillé et je considérais ma chambre non sans un certain dégoût. Les draps sales, les tas de fringues partout, la poussière, les toiles d’araignées au plafond… Le livre de philosophie politique était tombé au bas de mon lit et reposait auprès d’une chaussette retirée à la hâte, dans une proximité saugrenue que dans toute autre circonstance, j’aurais jugée comique… Tout cela enfin sentait le vieux garçon qui se néglige… Et puis, malgré son intonation lugubre, j’avais reconnu la voix de Lucien. Cela ne faisait aucun doute… Or, Lucien était mort sept mois auparavant, à 31 ans à peine et dans des circonstances atroces… Au bout d’un moment, oppressé par la situation et le silence de tombeau qui semblait s’être abattu sur mon intimité crasseuse, je me suis entendu dire :

      – Que veux-tu ?

   – Je te l’ai dit… Je veux savoir si tu te souviens de moi, s’il t’arrive de penser à moi, avec un petit pincement au cœur… Je veux savoir si de tout ce qu’il s’est passé, il t’arrive d’en concevoir, peut-être pas des remords, il ne faudrait pas exagérer, juste des regrets… Mais ne t’inquiète pas : je ne te tire pas de ton plumard en pleine nuit pour t’accuser. Ne dit-on pas que les morts sont d’une indulgence à toute épreuve ? Et puis, soit dit entre nous, tu t’en es bien sorti… On a rapidement conclu à une mort accidentelle, un arrêt du cœur, toujours ce pauvre cœur, suite à une consommation excessive d’alcool et de médicaments. Je n’ai même pas eu droit à la dignité embarrassante du suicide : cela aurait offensé, offensé ma famille de stricte obédience catholique, qui ne se souciait par ailleurs à aucun moment de moi… Ceci dit, toi, tu t’en es bien sorti… Pressés que l’on était d’étouffer l’affaire, on n’a même pas songé à t’interroger, même comme ça, pour la forme… En revanche, c’est toujours avec un certain plaisir que j’imagine ton grand moment de terreur, combien tu as dû te ronger les sangs, quand tu as su par ma sœur que j’avais laissé un mot et même tout un journal !… Pauvre Eva, c’est elle qui m’a trouvé, t’a appelé, a appelé mes sinistres frères… Ne t’inquiète pas : ce mot et ce journal sont sans doute partis en fumée dans la cheminée familiale. On avait bien eu soin de tout débarrasser avant l’arrivée de la police. Les catholiques ont de tout temps été des maîtres dans l’art d’enterrer des secrets. Je dis les catholiques, étant un peu concerné, mais je devrais dire les familles, les infâmes familles, tout simplement… Nul n’en sortira vivant ! Enfin, soit dit toujours entre nous, pour ta gouverne, afin que tu ne te méprennes pas, dans ce journal, mon journal,  je ne parlais jamais de toi… Pas une ligne, pas un mot… Jamais, jamais !

       – Quel affreux bavardage !  me suis-je écrié presque malgré moi, tremblant et à bout de nerfs.

      Et, avec des mouvements désordonnés sur l’écran du téléphone, j’ai voulu raccrocher, mettre fin à cet ignoble monologue… Mais contre toute évidence, cela s’est révélé impossible… Et comme s’il voyait littéralement ce que j’étais tout occupé de faire, comme s’il se tenait à quelque pas à peine et m’observait avec un large sourire sardonique, il a repris, de la même voix haletante :  

      – Oh, désolé, cette fois, tu ne pourras pas me raccrocher au nez ! J’en suis vraiment peiné, mais ton téléphone ne t’appartient plus, plus rien ne t’appartient… N’as-tu pas remarqué qu’il a sonné ? Alors qu’il a toujours été en mode silencieux ? N’as-tu pas remarqué combien était étrange le numéro affiché ? Cette étonnante suite de nombres premiers et de lettres de différents alphabets… Tu n’as pas dû faire attention… Tu pourras le réduire en morceaux à coups de marteau, tu pourras le jeter tout au fond des abîmes les plus profonds, comme disent les poètes, tu pourras faire tout ce que tu veux, cela ne changera rien, crois-moi, où que tu sois, quoi que tu fasses, chaque soir dorénavant, à la même heure, tu entendras quelque part retentir la même sonnerie et quelqu’un appeler ton nom… N’aurais-tu pas remarqué l’heure de l’appel ? C’est à cette heure précisément que tout est devenu clair pour moi… Mais je ne voudrais pas te priver davantage de ton sommeil ! Dors maintenant, si tu peux… Je te laisse, je t’embrasse, comme on dit ! Et à demain soir, sans doute !

 

      Et il a raccroché, mettant fin à ce semblant de conversation… Le téléphone cependant restait allumé, brillait de mille couleurs étincelantes dans la pénombre de la chambre, et je considérais ce sinistre objet d’un œil morne, comme on considère quelque chose d’absurde : un cadavre d’insecte répugnant, reposant sur sa carapace…

     J’ai passé la mauvaise nuit que l’on imagine… En le tenant à bout de bras, j’ai laissé tomber le téléphone dans ma poubelle et j’ai descendu le sac. J’ai essayé de dormir et n’y suis pas parvenu… Dès que je me sentais près de tomber comme d’une hauteur vertigineuse, je me réveillais en sursaut. J’avais à chaque fois l’impression très nette que Lucien était allongé à côté de moi et qu’il s’approchait pour se blottir contre moi. Ce n’était pas une scène digne de l’un de ces épouvantables films d’horreur : je n’avais pas à côté de moi quelque affreux cadavre purulent, mais Lucien, son corps jeune, beau, magnifique, comme au temps de notre splendeur… Et j’étais tout disposé à l’accueillir, même si je me sentais un peu embarrassé par mon douloureux désir… J’ouvrais les yeux. Il n’y avait personne à côté de moi dans le lit, évidemment… Enfin une terrible nuit. Passons.

   Vers huit heures du matin, j’ai appelé mon bureau avec mon téléphone professionnel qui fonctionnait bien sûr parfaitement, afin de prévenir que je ne viendrais pas. J’étais malade… Oui, naturellement, je ne manquerais pas d’aller chez le médecin !  J’avais le cerveau en bouillie après ma nuit sans sommeil et la première et piètre excuse que je trouvais, ne manquait pas d’une certaine ironie involontaire, au fond : une infection urinaire, je crois, quelque chose dans ce goût-là…

      Je ne suis pas allé chez le médecin. J’ai passé ma journée à fumer cigarette sur cigarette, en buvant du café, assis en caleçon à la table de ma cuisine, une vraie loque… Comment dire ? J’avais l’intime conviction que Lucien n’avait pas menti et que tout se passerait comme il l’avait dit… Sans que je ne comprenne ni pourquoi, ni comment, j’étais maudit et j’étais persuadé qu’à l’heure dite désormais, jusqu’à la fin j’entendrais la terrible sonnerie retentir quelque part et quelqu’un appeler mon nom…

 

 

                                                              Frédéric Perrot


jeudi 23 janvier 2025

René Char, Rémanence

 



                                                                    A Louis Fernandez.

 

  De quoi souffres-tu ? Comme si s’éveillait dans la maison sans bruit l’ascendant d’un visage qu’un aigre miroir semblait avoir figé. Comme si, la haute lampe et son éclat abaissés sur une assiette aveugle, tu soulevais vers ta gorge serrée la table ancienne avec ses fruits. Comme si tu revivais tes fugues dans la vapeur du matin à la rencontre de la révolte tant chérie, elle qui sut, mieux que toute tendresse, te secourir et t’élever. Comme si tu condamnais, tandis que ton amour dort, le portail souverain et le chemin qui y conduit.

  De quoi souffres-tu ?

 De l’irréel intact dans le réel dévasté. De leurs détours aventureux cerclés d’appels et de sang. De ce qui fut choisi et ne fut pas touché, de la rive du bond au rivage gagné, du présent irréfléchi qui disparaît. D’une étoile qui s’est, la folle, rapprochée et qui va mourir avant moi.



Fire walk with David Lynch (texte de Yannick Haenel, merci à lui)

 

Charlie Hebdo, 22 janvier 2025

        Le monde n’en finit plus de brûler, et il aura fallu ces derniers jours pour que l’incendie qui le ravage désormais intégralement atteigne Hollywood, c’est-à-dire le cœur pourri du capitalisme, et emporte dans son sacrifice le dernier génie du septième art. Atteint depuis plusieurs mois d’un emphysème pulmonaire, David Lynch (né en 1946) a été chassé de sa maison de Laurel Canyon par les flammes qui ravageaient ce secteur de Los Angeles : le monde est devenu irrespirable, Lynch en est mort.

       Il avait beau être l’un des cinéastes les plus célèbres au monde, et sans doute le plus grand, il demeurait étranger à l’industrie : depuis 2006 et l’échec commercial d’Inland Empire, plus personne ne voulait produire ses films. Mais il était le contraire d’une victime du système : il était marginal dans son art, c’est-à-dire qu’il jouait avec le feu, comme le font les grands poètes.

  Ses films, dix en trente ans (plus une série en trois saisons, l’époustouflant Twin Peaks, aussi crucial dans ma vie qu’À la recherche du temps perdu), sont tous des chefs-d’œuvre. Eraserhead (1977), film préféré de Kubrick, Elephant Man (1980), Blue Velvet (1986), Sailor et Lula (1990),  Lost Highway (1997) ou Mulholland Drive (2001) sont des thrillers schizoïdes, des poèmes déchirants, des gestes illuminés de rupture : leur innocence est avant tout réfractaire à la représentation, c’est-à-dire au principe d’un cinéma à rentabilité automatique.


       Visions soudaines d’une oreille humaine rongée par des fourmis sur une pelouse, d’une femme qui porte une bûche comme un bébé, d’un inspecteur du FBI qui enquête à l’aide de ses rêves, d’un vieil homme qui traverse l’Amérique en tondeuse à gazon pour rejoindre son frère malade.

       On ne se remettra jamais de la mort de Laura Palmer, l’héroïne de Twin Peaks : tous les hommes l’ont tuée. La réalité, c’est le crime. L’origine, c’est le féminicide. Derrière le rideau, dans la Red Room où se fomente la diffraction vénéneuse des perceptions, des démons nains orchestrent un cauchemar.

       Parfois, un lampion quantique s’allume dans un motel qui, en clignotant, fait surgir un champignon atomique dans le désert. C’est juste un rappel : nos sensations nous embarquent dans un labyrinthe dont personne n’a la clé. Le diable lui-même n’est qu’un crétin qui ne sait plus pourquoi il rit : sans doute a-t-il vu trop de mauvais films.

       Lynch est mort quelques jours avant l’investiture de Trump. Ainsi ne l’aura-t-il pas vu rafler la mise d’un désastre qu’il a organisé consciencieusement avec Elon Musk afin d’en tirer profit. Une telle mise à sac implique une confiscation des images : pullulent déjà sur tous les écrans du monde celles, binaires, misogynes et xénophobes, qui attaquent nos cerveaux. Quelles autres images est-il possible de leur opposer ? David Lynch en avait le secret : rouvrons la boîte bleue.


                                                                                        Yannick Haenel  


vendredi 17 janvier 2025

Charles Baudelaire, L'Ennemi (pour Alain)

 

Charles Baudelaire, par Alain Minighetti


Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,

Traversé çà et là par de brillants soleils ;

Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,

Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

 

Voilà que j’ai touché l’automne des idées,

Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux

Pour rassembler à neuf les terres inondées,

Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

 

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve

Trouveront dans ce sol lavé comme une grève

Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?

 

   Ô douleur, ô douleur ! Le Temps mange la vie,

Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur

Du sang que nous perdons croît et se fortifie !  

 

jeudi 16 janvier 2025

David Lynch (1946-2025)

 


Pour écouter « I’m Deranged » de David Bowie (Lost Highway, Soundtrack, 1997)

https://youtu.be/aepBpZ3kXek?si=MPblksObh6aSwnc


Pour lire mon article consacré au livre de Pierre Tevanian sur Mulholland Drive

     https://beldemai.blogspot.com/2019/04/mulholland-drive-la-clef-ddes-songes.html


mercredi 8 janvier 2025

Nietzsche, Par-delà bien et mal (quatrième section, extraits)

 


78

 

Qui a pour soi du mépris s’accorde encore du prix comme auteur de ce mépris.

 

94

 

Maturité de l’homme : cela veut dire avoir retrouvé le sérieux qu’enfant, on mettait dans ses jeux.

 

97

 

Comment ? Un grand homme ? Je n’y vois jamais que le comédien de son idéal personnel.

 

100

 

Nous nous faisons passer à nos yeux pour plus simples que nous ne le sommes : nous nous reposons ainsi de nos semblables.

 

112

 

Qui se sent prédestiné à voir et non à croire trouve tous les croyants trop bruyants et importuns : il s’en protège.

 

120

 

La sensualité précipite souvent la croissance de l’amour, de sorte que la racine reste faible et s’arrache facilement.

 

133

 

Qui ne sait trouver le chemin menant à son idéal vit une vie plus frivole et plus impudente que l’homme sans idéal.

 

146

 

Que celui qui lutte avec des monstres veille à ce que cela ne le transforme pas en monstre. Et si tu regardes longtemps au fond d’un abîme, l’abîme aussi regarde au fond de toi.

 

153

 

Ce qui se fait par amour s’accomplit toujours par-delà bien et mal.

 

156

 

La folie est chose rare chez les individus, – mais dans les groupes, les partis, les peuples, les époques, c’est la règle.

 

157

 

La pensée du suicide est un vigoureux réconfort : elle aide à bien traverser plus d’une mauvaise nuit.

 

158

 

À notre pulsion la plus forte, au tyran qui nous habite se soumet non seulement notre raison, mais même notre conscience.

 

160

 

On n’aime plus assez sa connaissance sitôt qu’on la communique.

 

161

      

Les poètes traitent leurs expériences de manière éhontée : ils les exploitent.

 

168

 

Le christianisme fit boire du poison à Éros : – il n’en mourut pas, mais dégénéra, en vice.

 

175

 

C’est finalement son désir qu’on aime, et non l’objet désiré.

 

179

 

Les conséquences de nos actes nous empoignent aux cheveux, en se moquant bien que nous nous soyons « améliorés » entre-temps.

 

 

 

 

Nietzsche, Par-delà bien et mal

Traduction et édition de Patrick Wotling

 

dimanche 5 janvier 2025

Le surhomme de canapé (fantaisie)

 

« On ne peut penser et écrire qu’assis (G. Flaubert). – Je te tiens là, nihiliste ! Rester assis, c’est là précisément le péché contre le Saint-Esprit. Seules les pensées qui vous viennent en marchant ont de la valeur. »

                                                                  Nietzsche, Le Crépuscule des idoles

 

 

Le surhomme de canapé

Prêt à en découdre

Avec le monde entier

Se laisse volontiers filmer

Devant une bibliothèque

Aux dimensions pharaoniques

Dont les milliers d’ouvrages

Doivent assoir son autorité

Ce dont est capable

N’importe quel imbécile

Onfray ou Pierre-Yves Rougeyron  

Comme s’il était difficile

D’accumuler des livres

Mais passons !

 

Dans ce décor convenu et bourgeois

Notre surhomme de canapé

Oubliant ce que l’on apprend de Nietzsche

En deuxième année

Vomit sa haine de tout et n’importe quoi

Le ressentiment suinte par tous ses pores

C’est très pénible à voir

Et les mots creux succèdent aux mots creux

Deviennent étirables comme des élastiques

Ou un chewing-gum dégueulasse

Déjà passé par mille et mille bouches…

Une véhémence confuse tient lieu de pensée

 

Chacun a sa petite boutique

Son explication globale de tous les maux

Soral c’est les juifs quel que soit le libelle

Onfray Maastricht et la modernité critique

Rougeyron les filles aux cheveux bleus

Les pédales et les bandits de Bruxelles ! 

 

Ce sont des Assis comme les nommait Rimbaud

Dans leur canapé ou sur un plateau

Des logopathes qui monologuent discourent

Et s’aiment monologuant d’un vibrant amour !

 

Mais quelle soif de désastre

Et quelle soif de sang !

Ils partiraient en guerre

Contre l’humanité entière…

S’ils n’étaient pas séniles

Ou juste impuissants !

 

 

                               Frédéric Perrot