mercredi 29 mars 2017

L'île mystérieuse



                                                            Maurice Blanchot lisant L'Ile mystérieuse.



Source : France Culture, Les Chemins de la philosophie, émission du 2 mars 2017

mercredi 22 mars 2017

La froideur énigmatique (poème)


Le sommeil de l’imagination
Est un sommeil hébété

Ne laisse pas ton regard accroché
Aux branches des choses vues

Si d’aventure tu es confronté
À la froideur énigmatique

Songe à l’enfant venu avec le vent
Et reconduit à la frontière

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N’oublie pas l’étrangeté de la douleur
Les congères du malheur humain

Ne sois pas un témoin docile

Prononce si tu peux
Des paroles de miséricorde

Sors des prisons de ta pensée
Des impasses de l’intelligence dévoyée

Lézarde l’indifférence historique

Extrais-toi de l’armure
Retrouve la sensation perdue

Souviens-toi du présent
Laisse éclore les images

À cette condition seulement
Peut-être te réveilleras-tu ?



Perrot Frédéric 

samedi 18 mars 2017

Le gosse de Belfast (traduction du groupe Simple Minds)

Le gosse de Belfast

La chanson des Simple Minds se trouve sur l’album Street fighting years (1989). La mélodie de la chanson est reprise d’un air folklorique irlandais, She moved through the fair. Les paroles évoquent le conflit nord-irlandais.

                                                          Pour mon frère, ancien fan des Simples d’esprit

Mon amour m’a dit
Viens me retrouver près de l’arbre de potence
J’apporte de bien tristes nouvelles
Au sujet de cette vieille ville et de ses souffrances
Certains disent que les problèmes abondent
Et qu’un jour prochain ils conduiront la vieille ville à sa perte…

Un jour nous reviendrons ici
Quand le gosse de Belfast aura recommencé de chanter

Mes frères, mes sœurs, où êtes-vous à présent ?
Je vous cherche en vain dans la foule
J’ai passé toute ma vie ici
Guidé par ma foi en Dieu, l’Eglise et le Gouvernement
Mais tout déborde de tristesse
Un jour prochain ils conduiront la vieille ville à sa perte…

Certains reviennent, Billy, pourquoi ne reviens-tu pas ?
Et toi Mary, reviens, tu es partie depuis si longtemps
Les rues sont vides, et ta mère est morte
Les gamines pleurent, cela dure depuis si longtemps…
N’entendez-vous pas les appels de vos pères ?
Ne reviendrez-vous pas, ne reviendrez-vous pas ?

Mais revenez donc tous ! Vous êtes partis depuis si longtemps !
La guerre fait rage sur l’île d’Emerald
C’est de la chair et du sang humains toute cette chair et ce sang
Les gamines pleurent, mais tout n’est pas perdu…
Les rues sont vides, les rues sont froides
Ne reviendrez-vous pas, ne reviendrez-vous pas ?

Les rues sont vides
La vie continue

Un jour nous reviendrons ici
Quand le gosse de Belfast aura recommencé de chanter




Pour écouter la chanson 

Après les rudes combats du jour (à partir un dessin d'Eric Doussin)

Le désir est un paysage
Disait un philosophe

Le désir du soldat
Se matérialise
Au cœur des ténèbres
Comme une épiphanie
Une vision de rêve
Un mirage dans le désert

Pieds nus
Empreintes légères
Une belle jeune femme
Cheveux aux vents
Semble danser
Avec un doux balancement

Les rondeurs généreuses
De cette moderne Vénus
Sont une ultime tentation

Mais le soldat harnaché
Dans son lourd équipement
Stoïque et impuissant
Après les rudes combats du jour
Laisse son rêve s´enfuir
S´éloigner son désir…

                            Frédéric Perrot



Eric Doussin

mardi 14 mars 2017

l'orateur (poème)

L’orateur


Dans une allée solitaire du parc
Juché sur un banc
L’homme parlait
Devant une assemblée invisible

L’orateur semblait pris
Par son discours
Mais il s’exprimait
D’une manière si étrange

Qu’il était difficile
De déterminer 
L’objet précis
De ce discours emporté

Où les mots se heurtaient
Comme à la bataille
Dont le flot ne semblait
Jamais devoir s’interrompre

Et qui l’agitait
Tout entier
Comme le vent agite
Les guenilles d’un épouvantail


mardi 7 mars 2017

un rêve d'Irlande (à partir d'un dessin d'Eric Doussin)





« Si je vous le disais, vous ne me croiriez pas, mais je suis heureuse, incomparablement heureuse. J’accueille chaque jour comme une grâce supplémentaire qui m’est accordée. Je sais que j’ai de la chance... Je vis, voyez, je n’ai plus peur, mes cheveux tombent librement sur mes épaules nues. Je souris presque et si je vous regarde encore d’un regard peu assuré, je n’ai plus peur, je vis, voyez : j’ai même pour vous plaire, vous intriguer, un rêve d’Irlande entre les doigts.» 

waterloo (poème accompagné d'un dessin d'Eric Doussin)

Waterloo

Nous n’avons aucun goût
Pour la pacotille bonapartiste et les militaires

La soldatesque est une passion française
Mille ans de guerre cela devrait forger un caractère

Il n’en demeure pas moins que si la France est une épave
– Hypothèse d’école ! –
Nous serons les derniers à le déplorer

La grandeur des nations est une niaiserie 
Dont témoignent les cimetières

Nous n’avons aucun goût
Pour les batailles et les gesticulations de cloportes
D’hommes mourant dans la boue

Mais non sans plaisir
Nous saluons le souvenir de l’Anglais Wellington

Car nous tenons le 18 juin 1815
Pour l’une des dates les plus éclatantes
De l’Histoire de France !


                                        Frédéric Perrot


Eric Doussin

vendredi 3 mars 2017

un sort étrange (à partir d'un dessin d'Eric Doussin)

Un sort étrange


Parfois la vie
Ne tient qu’à un fil

C’est par un bout
De son tricot clair
Que l’homme inerte
Victime déconfite
D’un sort étrange
Est soulevé dans les airs

Par une main
Qui n’a rien de divine
Est simplement féminine
Dans son souci
De l’élégance
Son dédain cosmétique

Au-dessus d’une masse de nuages
Où l’homme semble aussi peu
Dans son élément
Qu’un poisson
Sorti de l’eau
Ou pris dans la nasse

Peut-être a-t-il été cueilli
À son domicile
Dans sa vie de tous les jours
Comme tendrait
À l’indiquer
Sa tenue générale

Peut-être va-t-il tomber
D’un instant à l’autre
Sa vie ne tient qu’à un fil
Il suffirait que le tricot se déchire
Ou que la main
Lâche sa prise…

                                        Frédéric Perrot



Eric Doussin



dans le brouillard (poème accompagné d'un dessin d'Eric Doussin)

Dans le brouillard


À pas lents
Il avance dans le brouillard

Se perdre plus avant
Aurait quelque chose de navrant

Style de plats romanciers
Il revit la scène
Gravit les escaliers
Sait où son désir le mène

Comme un automate

Bientôt tout sourire
Elle lui ouvrira ses bras
Heureuse de la nuit à venir
Et le mensonge continuera

Avec une sorte de hâte à présent
Il avance dans le brouillard

Se perdre plus avant
Aurait quelque chose d’obscène

Les mêmes mouvements
Les mêmes scènes

Mais il souhaite se perdre

Oublier toute prudence
Se livrer au hasard

Parvenir à ce point

Où il n’y aura plus de différence
Entre lui-même et le brouillard

Où le mensonge cessera


                                Frédéric Perrot




Eric Doussin