vendredi 28 avril 2017

Vigilance abstraite

« Qui pourrait ignorer, dans notre siècle, que celui qui trouve son intérêt à affirmer instantanément n’importe quoi va toujours le dire n’importe comment ? » (Guy Debord, Panégyrique)



Vigilance abstraite
À l’heure de la défaite

Les faiseurs d’opinions
Par vocation déversent
Des flots d’inepties perverses

Promulguent le mensonge
Calomnient salissent dénoncent
N’en éprouvent aucune honte

La responsabilité individuelle est une idée rétrograde

Les plus imbéciles
Imaginent des complots

Des scénarios
Qui ne tiennent pas debout

Soyez-en persuadés
Depuis la nuit des temps
On nous cache quelque chose !

Les plus pernicieux
Réécrivent l’histoire
Avalisent l’infamie…

Vigilance abstraite
À l’heure de la défaite

Orateurs virtuels
Ou d’estaminets 

Prophètes de caniveau
Demi-crétins

N’importe qui peut dire n’importe quoi
N’importe comment

C’est le règne sans partage
De l’approximation de la bêtise

Il serait temps que la vigilance
Devienne intervention concrète



                Frédéric Perrot

jeudi 27 avril 2017

Rudement perdu (hommage à Alain Bashung)

Rudement perdu (à la sueur de mon front)

Mes bras connaissent
La menace du futur
Les délices qu’on ampute
Pour l’amour d’une connasse
                       Alain Bashung                      

À tous ceux qui aiment, l’incendié volontaire…


Le salaire de l’amour
Ne m’a pas été versé
J’en ai pourtant sué
Pour un mot un regard

Des horaires impossibles
Et des tâches ingrates
À la chaîne
Sans entorse à la règle
Qui veut
Que l’un aime
Et que l’autre
Se laisse aimer…

Injustice injustice
Qui commence dans l’alcôve

Le salaire de l’amour
Ne m’a pas été versé
J’en ai pourtant sué
Mouillant ma chemise
Pour un mot un regard
Un fantôme de baiser

Des horaires impossibles
Et des tâches ingrates
Corvéable à merci
Homme de peu
Homme de peine…

Car qui croit
Qu’il sera récompensé
N’est qu’un chien
Qui mérite sa laisse…


                Frédéric Perrot


Pour la musique, impossible de choisir une chanson préférée, donc osons ! 

mardi 25 avril 2017

Aucune œuvre pérenne


                                   Pour Guillaume, cette rêverie balzacienne


Il me plaît de rêver
À Lucien de Rubempré
À la fin des Illusions perdues

Elégamment vêtu il se promène
Dans les vignes du pays d’Angoulême
Il y cueille des fleurs et marche vers sa mort

Authentique poète
Son vouloir déficient
A donné peu de fruits

Et meurtri dans sa chair
Malgré tout son talent
Il ne laisse derrière lui

Aucune œuvre pérenne
           
Seul un roman historique
Et un recueil de vers exquis
Nommé Les Marguerites !

Revenu de l’enfer de la vie parisienne
Il marche librement vers une mort certaine

Ange déchu
Son bouquet symbolique
De fleurs jaunes à la main

Comme il a fait le malheur des siens
Et qu’à sa grande honte
Il s’appelle Chardon

Il s’en va se noyer
Engloutir dans un trou
Son chagrin et son nom…

Mais il croise alors la route
D’un curieux personnage
Et entre ces deux-là

Le vrai poète
Le faux ecclésiastique
Un pacte diabolique

Est rapidement scellé
C’est un autre roman
Qui commence déjà…

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Mais Lucien reste pour moi
Ce pâle enfant éclatant de beauté

Qui marche sous le soleil
Ne se soucie de rien
Et flâne vers sa mort…

                                                                 Frédéric Perrot


 
Honoré de Balzac

Scène de chasse

La chasse se poursuit
On traque tranquillement
Dans les rues et les jardins publics

On traque et on tue
Les corps tombent
Comme des feuilles

Et pour la beauté de l’ensemble
Les spectateurs à leurs fenêtres et le vent
Hurlent tant qu’ils peuvent


                            Frédéric Perrot