Pour
écouter la chanson de U2 :
https://youtu.be/orHkDYNFwEg?si=NkhmTsKqI9E7zWpb
![]() |
Dessin de Valentine |
Autrefois ne m’est rien
Tout hier m’indiffère
Mes regrets sont sans
lendemain
Je bataille dans un
présent informe
Que mes nuits font mine
De rendre discontinu
Inutilement je lutte et
me débats
Empêtré dans un filet
sordide
Pour philosophe
En tirer quelques
considérations
Sur le vide
15
novembre 2024
Frédéric
Perrot
« Qui aimes-tu le mieux, homme
énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
– Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
– Tes amis ?
– Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à
ce jour inconnu.
– Ta patrie ?
– J’ignore sous quelle latitude elle est située.
– La beauté ?
– Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
– L’or ?
– Je le hais comme vous haïssez Dieu.
– Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
– J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux
nuages ! »
I set out on Monday
The night was cold and vast
And my brother slept
And though I left quite quietly
My father raged and raged
And my mother wept
Now, my life was like a river
All sucked into the ground
And then the hammer came down
Lord, the hammer came down
Many miles did I roam
Through the ice and through the snow
My horse died on the seventh day
I stumbled into a city
Where people tried to kill me
And I ran in shame
Then I came upon a river
And I laid my saddle down
And then the hammer came down
Lord, the hammer came down
It knocked me to the ground
And I said, « Please, please
Take me back to my old town »
Lord, the hammer came down
Now I’ve been made weak by visions
Many visions did I see
All through the night
On the seventh hour an angel came
With many snakes in all his hands
And I fled in fright
I pushed off into the water
And the water came around
And then the hammer came around
Lord, the hammer came down
And it did not make a sound
And I said, « Please, please
Take me back to my home ground »
Lord, the hammer came down
Pour écouter la chanson de Nick Cave and
the Bad Seeds :
https://youtu.be/i4qDTpjYPUE?si=THSYmxWnWaxQPYFX
Emportez-moi dans une caravelle,
Dans une vieille et douce caravelle,
Dans l’étrave, ou si l’on veut, dans
l’écume,
Et perdez-moi, au loin, au loin.
Dans l’attelage d’un autre âge.
Dans le velours trompeur de la neige.
Dans l’haleine de quelques chiens réunis.
Dans la troupe exténuée des feuilles
mortes.
Emportez-moi sans me briser, dans les
baisers,
Dans les poitrines qui se soulèvent et
respirent,
Sur les tapis des paumes et leur sourire,
Dans les corridors des os longs et des
articulations.
Emportez-moi, ou plutôt enfouissez-moi.
Frédéric Perrot
Oisive
jeunesse
À
tout asservie,
Par
délicatesse
J’ai
perdu ma vie.
Ah !
Que le temps vienne
Où
les cœurs s’éprennent.
Je
me suis dit : laisse,
Et
qu’on ne te voie :
Et
sans la promesse
De
plus hautes joies.
Que
rien ne t’arrête
Auguste
retraite.
J’ai
tant fait patience
Qu’à
jamais j’oublie ;
Craintes
et souffrances
Aux
cieux sont parties.
Et
la soif malsaine
Obscurcit
mes veines.
Ainsi
la Prairie
À
l’oubli livrée,
Grandie,
et fleurie
D’encens
et d’ivraies
Au
bourdon farouche
De
cent sales mouches.
Ah !
Mille veuvages
De
la si pauvre âme
Qui
n’a que l’image
De
la Notre-Dame !
Est-ce
que l’on prie
La
Vierge Marie ?
Oisive
jeunesse
À
tout asservie,
Par
délicatesse
J’ai
perdu ma vie.
Ah !
Que le temps vienne
Où
les cœurs s’éprennent !
Mai
1872
Des jours plus durs viennent.
Le temps en sursis révocable
devient visible à l’horizon.
Tu devras bientôt lacer ta chaussure
et renvoyer les chiens dans les fermes du
littoral.
Car les entrailles des poissons
ont refroidi dans le vent.
La lumière des lupins brûle chichement.
Ton regard trace dans le brouillard :
le temps en sursis révocable
devient visible à l’horizon.
Ta bien-aimée de l’autre côté s’enfonce
dans le sable,
il monte autour de ses cheveux flottants,
il lui coupe la parole,
il lui enjoint de se taire,
il la trouve mortelle
et disposée à l’adieu
après chaque étreinte.
Ne regarde pas en arrière.
Lace ta chaussure.
Renvoie les chiens.
Jette les poissons à la mer.
Eteins les lupins !
Des jours plus durs viennent.
Ingeborg Bachmann, Toute personne qui
tombe a des ailes
Edition, introduction et traduction de
l’allemand par Françoise Rétif.
Pour écouter I wear your ring :
https://youtu.be/EGkBSZgqrQA?si=qZiXqzTlxo5inPCa
Source
image : SensCritique