Sois tranquille, cela viendra ! Tu te
rapproches,
tu brûles ! Car le mot qui sera à la
fin
du poème, plus que le premier sera proche
de ta mort, qui ne s’arrête pas en chemin.
Ne crois pas qu’elle aille s’endormir sous
des branches
ou reprendre souffle pendant que tu écris.
Même quand tu bois à la bouche qui étanche
la pire soif, la douce bouche avec ses
cris
doux, même quand tu serres avec force le nœud
de vos quatre bras pour être bien
immobiles
dans la brûlante obscurité de vos cheveux,
elle vient, Dieu sait par quels détours,
vers vous deux,
de très loin ou déjà tout près, mais sois
tranquille,
elle vient : d’un à l’autre mot tu
es plus vieux.
Philippe Jaccottet, Poésie (1946-1967)
J'aime bien celui là!
RépondreSupprimerOui, c'est un très beau poème !
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