Tout est neige… Nous marchons depuis des
heures, mon guide et moi. À chacun de nos pas, nos skis s’enfoncent, nous
avançons si péniblement, si lentement. Le vent est glacial sur le pont étroit
où nous nous sommes engagés, une ancienne voie de chemin de fer – à cette hauteur ?
pour quel train ? – suspendue dans
le vide, au-dessus des eaux bleues et sombres d’un lac.
À un moment, je me sens faiblir. Mon guide
se retourne vers moi, dans le vent, la neige qui tourbillonne, je n’entends pas
ce qu’il me crie, je sais que nous devons absolument rejoindre l’autre
extrémité du pont, c’est là que se trouve le refuge où nous pourrons dormir un
peu : il me l’a assez dit et avec un geste d’impatience, il m’encourage à avancer
encore.
Tout est neige...
Je suis à bout de forces, je voudrais lui
crier de m’attendre, mais déjà sa silhouette s’estompe et il me laisse seul,
quelque part sur ce pont, enfoncé dans la neige jusqu’aux genoux, m’affaissant
encore sous le poids de mon équipement, seul et perdu dans cette nuit bleue et
sombre.
Frédéric Perrot.
Jirô Taniguchi, "L'Homme de la toundra" |
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