Le texte a été écrit en 2009. Chaque
phrase était alors numérotée. Mais je n’aime pas les chiffres : 1, 2, 3,
4, 5, etc. Georges Perec en proposait trente-six ou trente-sept. Il y en a ici
trente-et-une.
Prononcer
une fois un mot d’amour vrai.
S’ouvrir
les veines par pure curiosité intellectuelle, afin de voir si le sang est
vraiment aussi rouge qu’on le dit.
Etrangler
sa honte et ne plus croire à la prétendue séparation du corps et de l’âme.
Ecrire
une ode à la pornographie et un manifeste pour l’interdiction immédiate de la
douleur.
S’entourer
de fleurs en raison de leur caractère périssable.
Toujours
se souvenir que l’on eût préféré être un oiseau…
Ne
plus voir de fantômes.
Devenir
un athée paisible.
Faire
une fois comprendre à un imbécile qu’il en est un !
Avoir
une conversation cohérente et logique avec une personne de l’autre sexe.
Eviter
qu’elle se déshabille au terme de cette conversation.
Accueillir
les histoires de famille avec le haussement d’épaules qu’elles méritent.
S’éviter
le ridicule de devenir propriétaire d’une petite maison individuelle dans un
quartier pavillonnaire. Ne rien vouloir savoir des prétendues joies du
jardinage. Etre un perpétuel locataire.
Rester
sauf accident sans héritiers…
Epeler
sans rire le mot espérance. Et sans trembler le mot cancer.
Mépriser
jusqu’au bout les cyniques et les blasés.
Répéter
à qui veut l’entendre qu’il est plus honorable d’être balayeur que banquier.
Se
convaincre que l’on est un excellent nageur chaque fois que l’on s’extrait de
sa baignoire. Et bien se garder de toute autre activité sportive.
Oublier
sa maladresse et danser une fois sans marcher sur les pieds de sa partenaire.
Bénir
la musique, qui guérit de tout. Et réhabiliter tous les plaisirs de paresseux.
Apprendre
à cuisiner autre chose que des pâtes au beurre. Aller jusqu’à manger des
légumes.
Boire
toute une semaine que de l’eau, afin de se convaincre que cela n’a aucun goût.
Sauter
une fois en parachute plutôt qu’à l’élastique.
Marcher
dans le désert du Sahara sans avoir l’air d’un touriste.
Aimer
et la mer et la montagne.
Apprendre
vraiment une langue étrangère.
Bouter
hors des dictionnaires toutes les sottises et les mensonges.
Ecrire
un seul poème, mais définitif.
Etablir
à l’usage des générations futures un palmarès des auteurs les plus ennuyeux.
Savoir
que la vérité est dans Le rêve d’un curieux. Et glisser doucement dans
un songe heureux, dont on ne se réveillera plus…
Savoir
enfin comme Lucrèce, que la mort n’est rien pour nous…
« Et
voilà, tralala
Zut
à celui qui le lira ! »
(Witold
Gombrowicz)
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Pour écouter
36 choses à faire avant de mourir de Georges Perec
https://youtu.be/liGPmh6ca60
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