En songeant à Emil Cioran
(1911-1995)
« Les nés-fatigués me comprendront », écrivait drôlement un
poète. Pour sa part, il n’irait pas jusqu’à dire qu’il est
« né-découragé », mais presque…
Il arrive qu’on se « laisse
aller » au découragement, certes… Mais ce n’est pas un sentiment
superficiel ; et ce n’est pas un abus de langage que de parler de
découragement profond.
La fatigue
d’exister – « … si las d’être las, de laisser les jours s’émietter dans le
désœuvrement, de manquer de goût pour tout, de ne sentir que le seul
découragement s’approfondir… »
Tout peut
décourager, à commencer par cette « aveugle
volonté de vivre », au sujet de laquelle un philosophe allemand a
écrit un fort volume, lui-même décourageant…
« Mais il
est temps de t’inquiéter, quand même le chant des oiseaux te semble obstiné et absurde… »
Les petites
affaires humaines ont cette particularité de rendre le découragement amer... « Et c’est bien pour ne pas
verser dans le cynisme, qu’il faut
les considérer de loin et leur refuser tout sérieux…»
Plus proche du
microbe que de l’étoile. – «… oh, c’est peut-être le seul effet bénéfique du
découragement, que de nous donner parfois quelques vagues aperçus métaphysiques ! »
Rire de soi-même est un viatique. – « Et
tu es quasiment sorti d’affaires, quand tu parviens à considérer ton propre
découragement avec distance et ironie. »
« Qu’as-tu fait
aujourd’hui ? » – « J’ai noté quelques phrases rapides sur le
découragement, ce qui m’a permis de le surmonter
pour un moment… Jusqu’à la prochaine fois. »
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Le poète dont il est question est Henri
Michaux (Face aux verrous) et le
philosophe allemand Arthur Schopenhauer. Frédéric Perrot.
Dans Aveux
et Anathèmes, Cioran écrivait : « La
très grande fatigue va aussi loin que l’extase, à cela près qu’avec elle vous descendez vers les extrémités de la
connaissance. »
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Metal Gear Wiki Fandom
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