Gustave Courbet, L'Homme blessé, 1844 |
Il
marche depuis de longues heures… Il a le ventre vide, ses chaussures lui font
mal, il grelotte dans le crépuscule… Il est épuisé, il titube et dans un ultime
effort, il s’écroule parmi les feuilles, à la lisière d’un bois.
Dans
son rêve, il court à la rencontre de femmes voluptueuses comme il n’en existe
pas et qui, en un instant, comme les tables couvertes d’assiettes alléchantes,
se dissipent, fantômes, fumée… Le laissant seul, désemparé, dans un paysage
désolé que survolent d’ignobles créatures… Ce sont des charognards prêts à
fondre et le terrain est abrupt, accidenté : il court, il trébuche, il
manque de tomber dans une crevasse, d’où surgissent dans un violent désordre quelques-unes
de ces créatures fermement décidées à défendre leur nid… Il recule, il est
acculé à une paroi, une de ces créatures le harcèle à grands coups de bec, il
sent son regard plonger dans l’abîme…
Le
malheureux dormeur gémit dans son sommeil et prononce quelques mots
inintelligibles… Oh puissent ses rêves ne pas l’entraîner trop loin…
Puisse-t-il se réveiller…
Frédéric
Perrot
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