Eric Doussin |
Pour Ana,
Si tu me cherches, je suis
dans la chambre. Ce n’est pas une chambre somptueuse ornée de fleurs
mortuaires. Ce n’est pas la chambre rêvée de quelque Hollande imaginaire. C’est
une chambre plus modeste et c’est notre nid d’amour construit pour nous seuls
avec nos mots et nos souffles comme brindilles, et nos vêtements qui s’égaient
aux quatre coins.
Si tu me cherches, je suis
dans la chambre, et emmailloté dans le drap comme une momie, je repose dans ton
odeur… Me contemple une lampe au bel abat-jour bleu. Les murs répercutent les
échos de nos joies. Le reste est silence. Et à un moment, dans la pénombre, il
se peut que je ferme les yeux…
Mais mon amour, que
fais-tu ? Si tu me cherches, je suis dans la chambre, voyons… Il me semble
à moi que le jeu a assez duré à présent…
Il y a longtemps, si longtemps
que je t’ai entendue dans le salon compter en riant jusque cinquante… L’appartement
n’a rien d’un vaste labyrinthe et il y a longtemps, si longtemps que tu aurais
dû me retrouver…
Oh ! c’est trop tard, mon
amour… Regarde, emmailloté dans le drap comme une momie, je me couvre de
poussière… Et le reste, tout le reste est silence…
La « chambre rêvée de
quelque Hollande imaginaire » est un hommage un peu appuyé au poème de Charles
Baudelaire, L’invitation au voyage. Le reste n’est qu’une plaisanterie
un brin funèbre. Ah ! les jeux de l’amour… Le texte appartient au recueil
Les heures captives (décembre 2012). Frédéric Perrot.
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