Je
ne vois pas pourquoi l’amour entre une mère et un fils ne serait pas exactement
comme les autres amours. Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s’aimer.
Pourquoi on ne pourrait pas rompre. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas
s’en foutre, une fois pour toutes, de l’amour, de l’amour prétendu, de toutes
les formes d’amour, même de celui-là, pourquoi il faudrait absolument qu’on s’aime,
dans les familles et ailleurs, qu’on se le raconte sans cesse, les uns aux
autres ou à soi-même. Je me demande qui a inventé ça, de quand ça date, si c’est
une mode, une névrose, un toc, du délire, quels sont les intérêts économiques,
les ressorts politiques. Je me demande ce qu’on nous cache, ce qu’on veut de
nous avec cette grande histoire de l’amour. Je regarde les autres et je ne vois
que des mensonges et je ne vois que des fous. Quand est-ce qu’on s’arrête avec
l’amour ? Pourquoi on ne pourrait pas ? Il faudrait que je sache. Je
me pose la question.
Le
texte est le premier paragraphe du bon et âpre roman de Constance Debré, Love Me Tender.
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