Eric Doussin |
Pour
Raimund,
Pratiqué sans précaution, le test
d’humanité a eu des conséquences fâcheuses : pour le sujet, le patient,
des effets secondaires ; ainsi que de regrettables dommages collatéraux
dans quelques autres petits univers…
L’humanité à reconquérir – « J’ai
essayé d’être humain… Que je n’y sois guère parvenu ne prouve rien : l’expérience
n’est pas terminée, l’expérience se poursuit… »
Contre
les simulacres – « Que puis-je y faire, si la plupart de vos sentiments me
sont étrangers ?... Si, au moment où je m’avise que je devrais les
éprouver, je ne les éprouve justement pas… Il y a sans doute quelque chose
de détraqué dans ma manière de
sentir ; mais je ne veux pas être un automate et simuler des sentiments et
des comportements appropriés ; afin
d’avoir le petit privilège d’être considéré par vous comme l’un des vôtres…»
Ou :
« La plupart de vos sentiments me sont étrangers : il y a dû y avoir un
défaut de fabrication, un accident sur la chaîne de montage… »
Ne
le plaignez pas – Il aura plaisamment vécu dans un micro-univers égoïste, fait
de mots, de sons et d’images.
Paradoxe
temporel – À son époque, il a eu des rapports pour le moins compliqués avec ses
semblables, en particulier avec les personnes de l’autre sexe, dont la logique
lui échappait. Mais cinquante ou cent ans plus tard, il aurait eu le même genre
de difficultés, avec ses robots domestiques.
Ou :
« L’ineptie ayant toujours un temps d’avance, il existe déjà des psychanalystes et des
scientifiques qui travaillent, afin que les relations des hommes et des machines
soient harmonieuses… »
Pour
notre consolation, nous ne serons plus… Quand l’humanité renoncera à elle-même.
Délires
amusants – « Ce qui au siècle précédent, n’était que délires amusants de
quelques auteurs de science-fiction, tend à advenir… Lentement, certes… Mais ce
n’est plus de la science-fiction. »
Si
lentement – Comme l’écrivait un grand poète, les hommes nomment « progrès « leur traînée de limace ».
« Notre »
humanité est à reconquérir – « Sans jouer les prophètes de comptoir, elle
le sera toujours davantage… »
Ou :
« Dans la lutte incessante du nouveau et de l’ancien, tu ne seras pas dans le
camp de ces apprentis sorciers qui nous préparent un futur haïssable… Tu
t’efforceras de préserver ce qui peut l’être encore… »
Le grand poète auquel il est fait allusion, est Rainer Maria Rilke qui, dans Le
Livre de la Pauvreté et de la Mort (1902), écrivait :
« Mais les villes sont égoïstes
et arrachent tout dans leur course,
comme bois mort elles brisent les bêtes
et consument de nombreux peuples.
Et leurs hommes, esclaves des sciences,
perdent équilibre et mesure,
nommant progrès leur traînée de limace ;
la lenteur cède à la vitesse ;
ils ont des sentiments et des fards de
catins,
s'enivrent du fracas du métal et du verre.»
Novembre
2017 – Version revue. Frédéric Perrot
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