Emily Brontë |
« C’est une chose que je ne puis
exprimer. Mais sûrement vous avez, comme tout le monde, une vague idée qu’il y
a, qu’il doit y avoir en dehors de vous une existence qui est encore vôtre. A
quoi servirait que j’eusse été créée, si j’étais tout entière contenue dans ce
que vous voyez ici ? Mes grandes souffrances dans ce monde ont été les
souffrances de Heathcliff, je les ai toutes guettées et ressenties dès leur
origine. Ma grande raison de vivre, c’est lui. Si tout le reste périssait et
que lui demeurât, je continuerais d’exister ; mais si tout le reste
demeurait et que lui fût anéanti, l’univers me deviendrait complètement
étranger, je n’aurais plus l’air d’en faire partie. Mon amour pour Linton est
comme le feuillage dans les bois : le temps le transformera, je le sais
bien, comme l’hiver transforme les arbres. Mon amour pour Heathcliff ressemble
aux rochers immuables qui sont en dessous : source de peu de joie
apparente, mais nécessaire. Nelly, je suis Heathcliff ! Il est
toujours, toujours dans mon esprit ; non comme un plaisir, pas plus que je
ne suis toujours un plaisir pour moi-même, mais comme mon propre être. Ainsi,
ne parlez plus de notre séparation ; elle est impossible, et… »
Emily
Brontë, Les Hauts de Hurle-Vent
Traduction :
Frédéric Delebecque
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Ayant commencé de lire un peu par hasard,
j’ai très vite été étonné par la violence des situations et celle des
passions décrites, puis saisi, emporté par ce sombre roman poétique et métaphysique,
dont le préfacier nous rappelle qu’il a été écrit par « une jeune fille secrète
et maladive » qui vivait avec ses sœurs, ignorait « tout de la
vie, de l’amour », si ce n’est ce qu’elle en avait lu dans les livres… Frédéric
Perrot.
Source
image : la-croix.com
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