8 décembre – J’ai lu Sérotonine, le
roman de Michel Houellebecq, que j’ai trouvé dans une bouquinerie le jour de la
grève.
Les vingt, trente premières pages sont catastrophiques.
C’est infiniment stupide, vulgaire, mal écrit, avec des perles dans ce style :
« J’étais atteint par une érection, ce qui n’était guère surprenant vu le
déroulement de l’après-midi. ».
Cela s’améliore un peu par la suite,
malgré des défauts récurrents qui viennent gâcher même les bons passages :
le name-dropping sans rime ni raison – Angot, Finkielkraut, un éloge ému de
Laurent Baffie suivant de près un éreintement de Maurice Blanchot et de France-Culture,
on voit le niveau ! – les perpétuelles plaisanteries dignes des Grosses-Têtes
sur RTL, la vulgarité tapageuse, les considérations d’une bêtise abyssale sur
les femmes, les hommes, l’amour…
Il est à noter que politiquement –
sur l’Europe, mère de tous les maux, le désarroi de la société française, cette révolte des éleveurs normands qui occupe la dernière partie de l'histoire et vire au film d'action, avec lance-roquettes ! – le roman
est aussi visionnaire et pertinent qu’une couverture de Valeurs actuelles.
De toute façon, d’un strict point de vue
romanesque, cela ne fonctionne pas… Ayant par exemple affublé son personnage d’un
prénom ridicule et impossible, Houellebecq mouline pendant toute une page afin de rendre cela amusant, en vain… Le personnage, qui n’est qu’un beauf très
homophobe aux fantasmes consternants – la consommation, les armes à feu – a par
ailleurs des lectures pointues et raffinées (Cioran, Proust, Thomas Mann...)
qui sont celles de l’auteur et non les siennes…
Cela ne paraît même pas crédible… Houellebecq
écrit à la va comme je te pousse – il y a ainsi l’inutile épisode sur le « pédophile »
bien sûr « allemand » – et c’est sans importance… Tout le livre
n’étant dans le fond qu’une resucée de son premier roman, Extension du
domaine de la lutte : le récit à la première personne d’une dépression
sévère et la soudaine hantise à l’idée de devoir passer seul les fêtes de Noël
et le nouvel an…
Il y aurait encore beaucoup à dire sur les
élucubrations pathologiques du personnage – sa jalousie après avoir découvert des
vidéos de sa compagne japonaise se faisant tringler par des chiens (sic), son désir de tuer l’enfant de son grand amour, Camille, afin de pouvoir
reconquérir celle-ci, ce qui psychologiquement semble pour le moins hasardeux, voire
aberrant…
Mais pour Houellebecq, l’alternative est plus
simple : soit il cesse de s’ivrogner comme une brute, soit il arrête d’écrire…
Car, c’est à peu près cela Sérotonine : les divagations lourdes et
pénibles d’un esprit abruti par l’alcool…
Frédéric Perrot
Je n'ai pas lu Sérotonine mais, pour avoir lu quelques romans de Houellebecq, je ne suis pas étonnée de cette misogynie et de cette vision de la vie au ras des pâquerettes. Mais il aurait tort de changer de registre : vu son succès et son aura d'auteur nobelisable.
RépondreSupprimer(l'adresse mail qui apparait sous mon commentaire n'est pas la mienne, mais celle de ma mère)
Marie-Anne de La Bouche à Oreilles
Bonsoir Marie-Anne, je pense que vous aurez compris qu'il n'est pas nécessaire de lire Sérotonine. C'est d'ailleurs bien plus mauvais que je le dis. Il aurait fallu pour être exact, produire un article, citer longuement, revenir au texte, en montrer les inanités. Mais comme la principale caractéristique de cet auteur crapoteux est la paresse intellectuelle, pourquoi se fatiguer ?! Un ami m'avait dit quelques semaines auparavant : "Je ne lirai plus jamais Houellebecq". J'aurais dû l'écouter ! Merci à vous.
RépondreSupprimerJ'ajoute ! N'ayant pas "tilté" (!) comme on dit sur "son aura d'auteur nobélisable", qu'il n'y a rien à craindre selon moi de ce côté ! Houellebecq en rêve : c'est certain ! Mais comme le Nobel récompense rarement des auteurs morts ! Bien à vous, Marie-Anne !
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