samedi 14 septembre 2019

en réponse à un article de Frédéric Martel sur le Journal intégral de Julien Green

Julien Green, en 1930

Hier ou avant-hier, j’ai lu cette phrase remarquablement stupide dans un texte condescendant, malveillant, voire assassin, consacré à la publication du « Journal intégral » de Julien Green : « Rimbaud est de gauche, explicitement gay, anti-clérical et pauvre – tout le contraire de Green. »

Affirmer sur le ton de l’évidence que Rimbaud est de « gauche » est déjà assez réducteur et contestable – la révolte de Rimbaud est totale, métaphysique et nihiliste dans ses résultats – mais prétendre qu’il est « explicitement gay » (sic) relève du pur anachronisme.  
A ma connaissance, et c’est bien regrettable, Rimbaud n’a pas écrit une ligne sur la Gay Pride !...  Et on peut estimer la pertinence intellectuelle d’un texte à de tels raccourcis journalistiques…

L’auteur de cet article pénible, le dénommé Frédéric Martel, est un imbécile bien de notre temps, qui coche toutes les cases du modernisme éclairé et du bon goût !
Il est lui de « gauche », « ouvertement gay », bien-pensant au carré, au cube ; et je m’étonne qu’il consacre tant de pages et d’énergie à un écrivain, Green, qu’il juge finalement « poussiéreux » et secondaire et qui a tous les défauts : « vaniteux », « lâche », « antisémite », « raciste », « misogyne », « riche » !, etc.

Sur la lâcheté – Selon cet imbécile, Green a été « lâche » parce qu’il n’a pas su assumer au grand jour, librement, son homosexualité, a mené une « double vie » hypocrite, fréquentant autant les salons bourgeois, les églises que les « pissotières ». Il est vrai qu’il est très courageux de s’en prendre à un mort et d’extraire systématiquement de ces centaines de pages « non-expurgées » tout ce qui peut être à charge
Je ne sais pour qui se prend ce Frédéric Martel, un ange ou un saint sans doute… Mais dans une cour d’Assises, tremblant et porté par le sentiment exaltant qu’il est dans le sens de l’Histoire, être lumineux luttant contre les ténèbres, il ferait un excellent procureur. Qu’il songe à sa reconversion !

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Julien Green, que j’aime pour ma part beaucoup, est un écrivain, auteur de nombreux romans d’un sombre réalisme hérité du dix-neuvième siècle – Maupassant –, mais qui versent parfois dans le fantastique, le surnaturel…  Léviathan, Si j’étais vous, Le malfaiteur, Adrienne Mesurat, Minuit, Le mauvais lieu, L’autre

                                                                                               Frédéric Perrot

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