Julien Green, en 1930 |
Hier ou avant-hier, j’ai lu cette phrase
remarquablement stupide dans un texte condescendant, malveillant, voire assassin,
consacré à la publication du « Journal intégral » de Julien
Green : « Rimbaud est de gauche, explicitement gay, anti-clérical
et pauvre – tout le contraire de Green. »
Affirmer sur le ton de l’évidence que
Rimbaud est de « gauche » est déjà assez réducteur et contestable
– la révolte de Rimbaud est totale, métaphysique et nihiliste dans ses résultats
– mais prétendre qu’il est « explicitement gay » (sic) relève du pur anachronisme.
A ma connaissance, et c’est bien regrettable,
Rimbaud n’a pas écrit une ligne sur la Gay Pride !... Et on peut estimer la pertinence
intellectuelle d’un texte à de tels raccourcis journalistiques…
L’auteur de cet article pénible, le dénommé
Frédéric Martel, est un imbécile bien de notre temps, qui coche toutes
les cases du modernisme éclairé et du bon goût !
Il est lui de « gauche »,
« ouvertement gay », bien-pensant au carré, au cube ; et
je m’étonne qu’il consacre tant de pages et d’énergie à un écrivain, Green, qu’il
juge finalement « poussiéreux » et secondaire et qui a
tous les défauts : « vaniteux », « lâche »,
« antisémite », « raciste », « misogyne »,
« riche » !, etc.
Sur la lâcheté – Selon cet imbécile, Green
a été « lâche » parce qu’il n’a pas su assumer au grand
jour, librement, son homosexualité, a mené une « double vie » hypocrite,
fréquentant autant les salons bourgeois, les églises que les « pissotières ». Il est vrai qu’il est très courageux de
s’en prendre à un mort et d’extraire systématiquement de ces centaines de pages
« non-expurgées » tout ce qui peut être à charge…
Je ne sais pour qui se prend ce Frédéric
Martel, un ange ou un saint sans doute… Mais dans une cour d’Assises, tremblant
et porté par le sentiment exaltant qu’il est dans le sens de l’Histoire, être
lumineux luttant contre les ténèbres, il ferait un excellent procureur. Qu’il
songe à sa reconversion !
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Julien Green, que j’aime pour ma part
beaucoup, est un écrivain, auteur de nombreux romans d’un sombre réalisme
hérité du dix-neuvième siècle – Maupassant –, mais qui versent parfois dans le
fantastique, le surnaturel… Léviathan,
Si j’étais vous, Le malfaiteur, Adrienne Mesurat, Minuit, Le
mauvais lieu, L’autre…
Frédéric Perrot
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