Eric Doussin |
Descendu
de son hélicoptère, le gras tyran galonné accorde un bref salut machinal aux quelques personnes maintenues à une distance respectueuse par des barrières et un solide
cordon de sécurité. La rumeur selon laquelle il devait prononcer sur le
tarmac un discours qui serait retransmis par les télévisions dès son retour des
négociations avec les puissances ennemies, se révèle fausse et le suintant
personnage, car il fait en ce jour une température caniculaire, disparaît dans
un véhicule aux vitres teintées et regagne sous bonne escorte son palais au cœur
de la capitale. Le groupe est rapidement dispersé et venu comme la plupart des
autres uniquement pour manifester son mépris silencieux au risque d’être
reconnu et dénoncé, celui que les journaux appelaient parfois dans le passé l’artisan
furieux, rentre chez lui, pressé d’arriver avant le couvre-feu. Dans le soir
incertain, il rêve les mots et les phrases d’un poème en mémoire d’un ami
assassiné. Le lendemain, des hommes de la police politique procèdent à son
arrestation. Dans son modeste appartement, ils s’attendaient à saisir des
écrits, des tracts, des papiers et cela les agace violemment de ne rien trouver
d’autre que le tas de feuilles blanches qu’il a posé bien en évidence sur son
bureau à leur intention, comme pour leur rire au nez une dernière fois.
Ce court récit a été écrit en juin 2016,
pour accompagner ces grillages emmêlés dessinés par Éric. Frédéric Perrot
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