lundi 23 juillet 2018

l'imprudence de Prométhée


                                                         Pour l’ami Etienne,


Prévoyant, comme pourrait l’indiquer son nom, ou imprudent, Prométhée fut-il ce héros qui apporta la connaissance aux hommes, ou ne fut-il qu’un vaniteux, dont l’arrogance provoqua la colère des dieux ? 

« Je suis pour tous les Jupiter contre tous les Prométhée », a, semble-t-il, écrit un jour ce pauvre Claudel. Mais qui se soucie encore de l’ambassadeur Paul Claudel ?

Exemplaire est le châtiment de Prométhée, qui nous force une fois de plus à admirer le raffinement dans la cruauté de l’imagination des Grecs !

Non sans panache, Rimbaud fut un poète prométhéen… Mais son « fardeau déposé », il jugea plus judicieux de se faire « négociant » et de maudire l’humanité entière, qui contrariait son petit commerce… Même un poète de génie ne saurait sauver les hommes malgré eux.

Parole d’un paresseux – « Je suis un Oblomov, pour qui sortir de son lit et s’arracher à l’emprise de ses rêves, est un acte prométhéen de tous les jours ! »
 
L’adjectif « prométhéen » peut simplement désigner l’effort de l’homme pour s’élever au-dessus de sa condition. Effort admirable, quoique désordonné… Ce que les Grecs nommaient « l’hybris » ou démesure. Nombre de philosophes de la deuxième moitié du vingtième siècle ont mis en garde l’humanité contre cette tentation prométhéenne : « Certes, l’homme peut voyager dans les airs ou parmi les étoiles… Mais il ravage sa planète, détruit son milieu de vie, fait disparaître toutes les autres espèces vivantes… Atteint de la folie des grandeurs, il construit de nouvelles tours de Babel, croit abolir les distances et même devenir immortel ! Pauvre homme, qui malgré ses efforts, demeurera enchaîné au rocher de sa finitude ! »

Ou : « Nous ne croyons plus aux dieux. La plus durable et la plus néfaste illusion née de l’imagination des hommes a vécu… Nul dieu n’interviendra pour mettre un frein à notre folie ! Et, nous sommes tous, même à notre tout petit niveau, un peu responsables du gâchis général… Pensée désagréable s’il en est… »

                                    
                                                            Frédéric Perrot

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