Pour
l’ami Etienne,
Prévoyant, comme pourrait l’indiquer son
nom, ou imprudent, Prométhée fut-il ce héros qui apporta la connaissance aux
hommes, ou ne fut-il qu’un vaniteux, dont l’arrogance provoqua la colère des
dieux ?
« Je suis pour tous les Jupiter contre
tous les Prométhée », a, semble-t-il, écrit un jour ce pauvre Claudel.
Mais qui se soucie encore de l’ambassadeur
Paul Claudel ?
Exemplaire est le châtiment de Prométhée,
qui nous force une fois de plus à admirer le
raffinement dans la cruauté de l’imagination des Grecs !
Non sans panache, Rimbaud fut un poète
prométhéen… Mais son « fardeau
déposé », il jugea plus judicieux de se faire « négociant »
et de maudire l’humanité entière, qui contrariait son petit commerce… Même un
poète de génie ne saurait sauver les hommes malgré eux.
Parole d’un paresseux – « Je suis un
Oblomov, pour qui sortir de son lit et s’arracher à l’emprise de ses rêves, est
un acte prométhéen de tous les jours ! »
L’adjectif « prométhéen » peut
simplement désigner l’effort de l’homme pour s’élever au-dessus de sa
condition. Effort admirable, quoique désordonné… Ce que les Grecs nommaient
« l’hybris » ou démesure.
Nombre de philosophes de la deuxième moitié du vingtième siècle ont mis en
garde l’humanité contre cette tentation prométhéenne : « Certes,
l’homme peut voyager dans les airs ou parmi les étoiles… Mais il ravage sa
planète, détruit son milieu de vie, fait disparaître toutes les autres espèces
vivantes… Atteint de la folie des grandeurs, il construit de nouvelles tours de
Babel, croit abolir les distances et même devenir immortel ! Pauvre homme, qui malgré ses efforts, demeurera enchaîné au rocher de sa
finitude ! »
Ou : « Nous ne croyons plus aux
dieux. La plus durable et la plus néfaste illusion née de l’imagination des
hommes a vécu… Nul dieu n’interviendra pour mettre un frein à notre
folie ! Et, nous sommes tous, même à notre tout petit niveau, un peu responsables du gâchis général… Pensée
désagréable s’il en est… »
Frédéric Perrot
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