« I saw him playing chess with Death
yesterday »
Scott Walker
C’est un paysage de
dunes d’un gris de cendre, sous un ciel bas d’un gris semblable. Il est là,
fétu de paille chassé par le vent, jusqu’à ce qu’il aperçoive, au loin, une
autre forme humaine. Ce ne peut être un mirage, une illusion et il s’approche. C’est
une très jeune fille, aux cheveux longs et clairs, vêtue d’une belle robe
blanche de communiante… Elle est pieds nus et sur le sol à un pas de distance
est posé un échiquier aux superbes pièces ouvragées. Elle s’assoit en silence
et cela est comme une invitation à faire de même. Il aimerait lui dire quelque
chose, mais il a perdu l’habitude de parler et elle ne semble désireuse que de
jouer, avançant ses pièces avec assurance et comme si elle connaissait
l’infinité des combinaisons possibles. Piètre joueur, il tente faiblement de
contenir ses assauts et les terribles percées qu’elle accomplit dans ses lignes
de défense. Peut-être n’ont-ils joué que dix coups et déjà se profile sa
défaite. Il aimerait lui dire quelque chose, mais il a compris la nature exacte
de son adversaire. Ce n’était qu’un mirage, une illusion, une ultime déloyauté
pour se rendre attirante… Il aurait dû savoir que la partie était perdue avant
même de commencer.
Frédéric
Perrot
Pour écouter le morceau de Scott Walker :
https://beldemai.blogspot.com/2019/03/scott-walker-1943-2019.html
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