« À propos du sommeil, aventure sinistre
de tous les soirs, on peut dire que les hommes s’endorment journellement avec
une audace qui serait inintelligible, si nous ne savions qu’elle est le résultat
de l’ignorance du danger. »
Charles Baudelaire, Journaux
intimes
La
fleur d’oubli dûment avalée, calme plat avant la tempête. Des monstres déjà s’agitent
dans l’ombre. Mais les Sirènes, vilaines créatures des nuées, rétives à l’ordre
universel, ont perdu la mémoire de leur chant. Nul n’accuse plus les dieux des
carnages orchestrés et des destructions en cours. Le long délabrement du monde
se poursuit dans la morne habitude prise des catastrophes. Le contemporain
dispose d’outils autrement efficaces. Le suicide collectif paraît une option
raisonnable largement envisagée. Il ne saurait être question de retour au pays
natal. Ithaque est désormais un mirage désuet. Inévitablement, l’odyssée intime
s’achève dans les remous du silence. Malgré les rêves voluptueux, chaque nuit
est une noyade.
Frédéric Perrot
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