Quatrième
de couverture
Dans
une Amérique imaginaire livrée à l’effacement des singularités et à la paranoïa
technologique, les derniers survivants de la contre-culture des années 60
achèvent de brûler leur cerveau au moyen de la plus redoutable des drogues, la
Substance Mort.
Dans
cette Amérique plus vraie que nature, Fred, qui travaille incognito pour la
brigade des stups, le corps dissimulé sous un « complet brouillé »,
est chargé par ses supérieurs d’espionner Bob Arctor, un toxicomane qui n’est autre que lui-même.
Un
voyage sans retour au bout de la schizophrénie, une plongée glaçante dans
l’enfer des paradis artificiels.
----------------------
Substance
Mort
est sans doute le plus personnel et le plus sombre des romans de Philip K. Dick
Malgré cette invention du « complet brouillé » derrière lequel le
personnage se dissimule et qui permet à l’intrigue de se développer selon une
logique paranoïaque, comme Confessions d’un barjo, qui appartient pour
le coup à cette fameuse « littérature générale » à laquelle aspirait
tant l’auteur, c’est à peine un roman de science-fiction. C’est plutôt de la
chronique sociale déjantée et la description du quotidien misérable de quatre losers
drogués à mort qui partagent une maison dans une banlieue de Californie. Ils
ne fichent strictement rien de leurs journées sinon des choses absurdes et
leurs interminables conversations sont celles d’un groupe de
drogués : elles ne volent pas haut et ne présentent aucun intérêt pour
Fred, qui les visionne. On retrouve ici l’humour féroce de K. Dick : les
« complets brouillés » qui sont nombreux et constituent la cheville
ouvrière de cette société de la surveillance généralisée, doivent se farcir des
heures de bandes vidéo ineptes, où ils n’apprennent évidemment rien qui
justifierait leur activité, puisque ces drogués ne sont à aucun moment des
éléments dangereux ou subversifs, ils sont juste cramés et « flippés ».
Tous perdent pied au fur et à mesure du roman et en particulier ce Fred qui est
chargé de se surveiller lui-même et dont on comprend vite qu’il finira très
mal… Un voyage au bout de l’enfer… Pour
les personnages, K. Dick s’est inspiré de certains de ses amis :
«…
pendant que j’écrivais ce roman, j’ai appris que la personne qui servit de
modèle à Jerry Farbin s’était tuée. Celui de mes amis que j’ai utilisé pour
construire le personnage d’Ernie Luckman était mort avant que j’entreprenne mon
roman. »
Cette
« Note de l’auteur » est d’une gravité unique dans l’œuvre de K. Dick
et révèle le véritable projet du livre, qui est écrit en mémoire (« In
memoriam ») des morts et des naufragés, dont la liste est longue,
occupe une demi page.
« À Gaylene décédée
À Ray décédé
À Francy psychose permanente
À Kathy lésion cérébrale permanente
À Kim décédé
À Val lésion cérébrale massive et
permanente… »
Philip K. Dick, Substance
Mort
Traduit de l’américain par Robert Louit
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire