mercredi 21 mars 2018

The Unforgettable Fire


On ne dira rien de ce qu’est devenu depuis U2, mais en 1984, paraît leur quatrième album, The Unforgettable Fire. C’est le premier album produit par Brian Eno, que l’on peut raisonnablement considérer comme le cinquième membre de U2, tant il a apporté au groupe et tant leur collaboration a été fructueuse.
Leur son, grâce à ce « sorcier » qu’est Brian Eno, gagne en effet en complexité et en profondeur et aux guitares rageuses et à la batterie martiale du bien nommé War, succèdent des arrangements étranges et des morceaux plus atmosphériques comme la chanson-titre, The Unforgettable Fire ou l’instrumental 4th of July.
Si la rage de War est toujours présente sur Wire par exemple, elle se fait hypnotique et l’on serait presque tenté de se dire : « Tiens, une fois n’est pas coutume, un bon morceau de Radiohead ! » Car c’est cela qui frappe le plus rétrospectivement : combien à cette époque, U2 était un groupe fiévreux (Indian Summer Sky) et capable d’entraîner son auditeur dans de très troubles voyages sonores (les six minutes trente du morceau Elvis Presley and America, où la voix de Bono, au bord de la rupture, devient à un moment presque méconnaissable comme si  elle s’était perdue au cœur des ténèbres).
Il y a évidemment des morceaux plus lumineux où éclate le lyrisme parfois naïf du groupe : le beau A Sort of Homecoming en ouverture du disque, les guitares fières et crâneuses de Pride dédiée à Martin Luther King, qui est alors leur chanson la plus pop, et Bad, ma préférée, pour son délire ascensionnel, si je puis dire, son désir de surmonter toute la noirceur dont il est question dans les paroles et que chacun d’entre nous connaît : désespoir, solitude, désolation, dislocation, séparation…
En 1984, U2 n’est pas encore le groupe planétaire qu’il deviendra trois ans plus tard avec The Joshua Tree, mais avec The Unforgettable Fire, les quatre petits irlandais lancés à la conquête du monde signent sans doute leur plus beau disque.

                                                                Frédéric Perrot





Pour écouter la chanson Bad :
https://youtu.be/HB0Yhj7OMBs

1 commentaire:

  1. « Early morning, April four/Shot rings out in the Memphis sky/Free at last, they took your life/They could not take your pride » (U2, Pride). For Martin Luther King.

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